Coryciana. Livre premier. Épigrammes/Epigrammata (1524), introduction, texte, traduction et notes de Lydia Keilen, Paris, Belles Lettres, collection « Les Classiques de l’humanisme », 2020 (Laurence Boulègue)

Coryciana. Livre premier. Épigrammes/Epigrammata (1524), introduction, texte, traduction et notes de Lydia Keilen, Paris, Belles Lettres, collection « Les Classiques de l’humanisme », 2020, 122 p. (introduction) et 510 p. (texte, trad., notes), 45 €

La collection des Classiques de l’Humanisme porte à notre connaissance le premier livre des Coryciana, recueil de poèmes paru en 1524 à Rome. Ces poèmes ont vu le jour dans le contexte humaniste romain du début du XVIe siècle, autour de la personnalité de Johann Goritz (Corycius, qui donne son nom au recueil), protonotaire d’origine allemande, qui avait rassemblé autour de l’église de Sant’Agostino, située sur le Campo di Marzio, de nombreux auteurs et artistes afin de célébrer le culte de sainte Anne trinitaire. Une chapelle, consacrée à Sant’Anna Materza et adossée à une fresque de Raphaël (1511-1512), a été alors créée ainsi que l’institution d’un banquet poétique annuel, qui fut l’occasion pour ce cercle de se réunir jusqu’au Sac de Rome en 1527. Il s’agit de la première traduction française de ce livre original qui témoigne de l’intense activité du milieu poétique et artistique romain sous les pontificats de Léon X et de Jules II.

Lydia Keilen, en s’appuyant sur l’édition moderne des 372 poèmes qui composent le premier livre des Coryciana réalisée en 1997 par J. IJsewijn à partir de l’édition princeps de 1524, propose un texte qu’elle a entièrement vérifié en consultant ces deux éditions, et elle en donne la première traduction en langue vernaculaire. Ce premier livre est constitué d’une vaste épître dédicatoire de Blossius Palladius (commentée p. 251-263), riche d’enseignements sur les circonstances qui ont vu naître le volume, suivie de huit poèmes qui, dans la même veine, saluent la réalisation du volume et célèbrent la figure tutélaire de Goritz, et de trois-cent-soixante-trois poèmes (Icones), consacrés à sainte Marie trinitaire, à ses représentations artistiques dans l’église Sant’Agostino et à son culte. La traduction, vers à vers, n’est pas exempte de quelques lourdeurs, mais elle est fidèle et les notes qui l’accompagnent éclairent utilement non seulement les allusions culturelles et cultuelles, mais aussi les auteurs, leurs sources et références, ainsi que les jeux poétiques d’intertextualité et d’émulation auxquels ils se livrent dans leur propre cercle et avec leurs contemporains.

La vaste étude introductive (p. IX-CXXXI) présente le contexte culturel et religieux dans lequel le projet a pris naissance et les circonstances de la genèse du volume dont la parution fut, semble-t-il, retardée par l’instigateur lui-même. La personnalité et le rôle de Johann Goritz au sein du milieu pontifical romain fait également l’objet d’un point nécessaire. L’étude présente ensuite le personnage de sainte Anne, son culte et ses représentations, ainsi que le lieu même du culte auquel l’ouvrage est intimement lié, à savoir l’église de Sant’Agostino, ses chapelles et ses œuvres d’art : la sculpture d’Andrea Sansovino, sujets de nombreux poèmes du recueil, et l’Isaïe de Raphaël, fresque qui se trouve au-dessus de la sculpture. Dans un troisième temps, sont étudiés le recueil de poèmes lui-même et sa composition, Lydia Keilen formulant des hypothèses argumentées sur la façon dont les textes qui le composent ont été retenus. Il s’agit d’un travail rigoureux qui révèle les attraits et l’originalité de son sujet.

Les Coryciana sont un ouvrage singulier, en tant qu’objet littéraire et en tant qu’objet culturel, qui saura surprendre le lecteur érudit ou simplement curieux.

Laurence Boulègue UPJV-UR 4284 TrAme

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°18 (2020) de la SEMEN-L (p. 58-59).

Colloques et programmes de recherche (octobre 2020)

COLLOQUES, CONGRÈS & PROGRAMMES DE RECHERCHE (bulletin d’octobre 2020)

Colloques, congrès
– 5-6 octobre 2020, Journée d’études : « Remembratio codicum. Manuscrits
fragmentaires de chant reconstruits », org. J. Delmulle (IRHT) et H. Morvan
(Institut Ausonius), Université Bordeaux Montaigne.
– 15 oct. 2020, Amiens (Logis du Roy), UPJV-UR 4284 TrAme, Journée
« Écrire en poète au temps des conflits confessionnels », org. A. Duru
(audrey.duru@u-picardie.fr).
– 22-23 octobre 2020. Atelier Pédagogies de la Renaissance et supports de l’écrit, org.
Lucie Claire, Martine Furno, Anne-Hélène Klinger-Dollé et Laurent Naas,
Villeurbanne, ENSSIB.
– 16-18 novembre 2020, Université de Louvain-la-Neuve, colloque « Penser
autrement les lettres et les arts : la voie/voix de la scolastique (1500-1700) », org.
R. Dekoninck – A. Guiderdoni – A. Smeesters (aline.smeesters@uclouvain.be).
– 21 novembre 2020, Atelier XVIe siècle : « Le grec à la Renaissance »,
Amphithéâtre Chasles, 10h-17h.
– 12 février 2021, Colloque inaugural de l’Association canadienne d’études néolatines/Canadian Association of Neo-Latin studies, org. P. Cohen (University of
Toronto), M. McShane (University of Toronto), J. Nassichuk (University of
Western Ontario), L. Roman (Memorial University), F. Rouget (Queen’s
University).
– 23-24 février 2021, Colloque Histoire et transmission de la Passio imaginis
Salvatoris, org. Nick Thate, Aubervilliers, Campus Condorcet.
– 1er et 2 avril 2021, « La vie du livre » et « Les bibliothèques et collections » en
Aquitaine à l’époque de Montaigne (calendrier susceptible de modifications : voir
les pages dédiées du Centre Montaigne : https://centre-montaigne.humanum.fr/le-centre-montaigne/le-centre-montaigne.html).
– 7-10 avril 2021, Dublin (en visio-conférence), Renaissance Society of America
67th Annual Meeting.
– 7-10 avril 2021, Dublin (en visio-conférence), Session double « The women’s
issue among Italian and French humanists : I. Debates / II. Representations », org.
L. Boulègue (UR UPJV 4284 TrAme) – S. Gambino Longo (U. Lyon), RSA 67th
Annual Meeting.
– 7-10 avril 2021, Dublin (en visio-conférence), Table ronde « Les Opera omnia
de Jean Second (1511-1536) », org. M. Laureys (U. Bonn) – V. Leroux (EPHE,
PSL), RSA 67th Annual Meeting.
– 20 mai 2021, Journée thématique : « Les « révélations » comme support de
transmission d’un savoir cosmologique », org. I. Draelants, J.-Ch. Coulon et E.
Abate, Aubervilliers, Campus Condorcet.
– juin 2021 (dates à préciser), Dijon, Université de Bourgogne, Congrès de la
SEMEN-L « Latin et grec au Moyen Âge et à la Renaissance », org. S. LaigneauFontaine (sylvie.laigneau-fontaine@sfr.fr) et E. Oudot.
– 4 juin 2021, Université de Picardie Jules Verne – Amiens, Journée scientifique
du Congrès de l’APLAES, « Imitation des modèles et intertextualité(s) de la Grèce
ancienne à la Renaissance humaniste », org. L. Boulègue, M. Brouillet, N. Catellani,
L. Claire, contact laurence.boulegue@u-picardie.fr .
– 15-16 juin 2021, « Remembratio codicum. Manuscrits fragmentaires de chant
reconstruits », org. J.-Fr. Goudesenne, G. Kagan(IRHT) et M.-É. Gautier
(Bibliothèque municipale, Angers), Archives départementales, Angers et Tours.
– 21-23 octobre 2021, Colloque Pédagogies de la Renaissance et supports de l’écrit, org.
Lucie Claire, Martine Furno, Anne-Hélène Klinger-Dollé et Laurent Naas, Sélestat,
Bibliothèque humaniste.
Programmes de recherche
– ARC Schol’Art : Les théories modernes des lettres et des arts à la lumière de
la seconde scolastique (France-Italie, 1500-1700). Université de Louvain-la-Neuve
– Gemca. Promoteurs : A. Guiderdoni, R. Dekoninck, A. Smeesters.
– HumanA (Humanismes Aquitains / Humanisme Aujourd’hui en Nouvelle
Aquitaine – Centre Montaigne, dir. V. Giacomotto-Charra, Université Bordeaux
Montaigne) : projet contribuant à l’établisSEMENt des sources et à une
cartographie de l’humanisme aquitain ; à l’étude de la vie intellectuelle, des réseaux
de sociabilité et de la construction de l’identité aquitaine ; aux pratiques d’écriture
et à la vie littéraire. Création en 2020 d’une collection numérique : S@voirs
humanistes (Un@ éditions). Pour une description détaillée du projet et des actions
de recherche (et, en particulier, la journée d’étude qui sera organisée en partenariat
avec la SEMEN-L en juin 2022 : « Aquitaniæ latinæ 1400-1700 : la littérature néolatine en Aquitaine »), consulter le site du Centre Montaigne :
https://centre-montaigne.huma-num.fr/projets-du-crmt/humana/humanaactions-pr%C3%A9vues.html
– Burgundia humanistica : Les écrivains bourguignons qui écrivent en latin et/ou
en grec aux XVIe et XVIIe siècles. Promotrice : S. Laigneau-Fontaine (Université
de Dijon). Ce projet a reçu le soutien du Conseil Régional de Bourgogne, qui lui a
attribué un financement et un contrat doctoral : Elena Ghiringhelli travaillera sous
la direction de S. Laigneau-Fontaine et celle de Valérie Wampfler sur la
Continuation des Fastes d’Ovide par le Dijonnais Claude-Barthélemy Morisot
(1649). Plusieurs travaux actuellement en cours appartiennent par ailleurs à ce
projet, par exemple l’édition, traduction, commentaire de la Gigantomachie de
l’Autunois Jacques Guijon (1658). Le corpus est immense et varié (textes de droit,
de médecine, tumuli, éloges, correspondances, poésies diverses…) et toutes les
bonnes volontés désirant participer au projet sont les bienvenues !
– projet CREAMYTHALEX : La réception de l’Antiquité grecque en Europe.
Promotrice Catherine Gaullier-Bougassas Le projet a d’abord porté sur la figure
d’Alexandre le Grand et les travaux permis par un financement ANR ont été
publiés dans la collection « Alexander redivivus » créée durant ce projet chez
Brepols (http://www.brepols.net/Pages/BrowseBySeries.aspx?TreeSeries=AR).
Il s’est ensuite élargi à la réception de l’Antiquité grecque d’avant Alexandre. Une
nouvelle collection a ainsi été créée chez Brepols: « Recherches sur les Réceptions
de l’Antiquité », direction Catherine Gaullier-Bougassas :
http://www.brepols.net/Pages/BrowseBySeries.aspx?TreeSeries=RRA&fbclid=
IwAR0MNaU1ZLctpVqzbXIpFzeYEz0c_mIwGFpe1WpVLK7vDUMGOZCV
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Deux journées d’étude sont prévues en 2021, l’une sur les représentations de
l’espace grec antique, l’autre sur les écritures mythologiques. Les dates ne sont pas
encore fixées en raison de la crise. Contact : catherine-bougassas@orange.fr

Antonio Serrano Cueto, El epitalamio neolatino. Poesía nupcial y matrimonio en Europa (síglos XV y XVI), Alcañiz – Lisboa, Palmyrenus, 2019 (Virginie Leroux)

Antonio Serrano Cueto, El epitalamio neolatino. Poesía nupcial y matrimonio en Europa (síglos XV y XVI), Alcañiz – Lisboa, Palmyrenus, 2019, 402 p.

Antonio Serrano Cueto a réalisé une vaste synthèse sur un champ qui jusqu’alors avait seulement fait l’objet d’études ponctuelles. Une première partie est consacrée aux modèles antiques, grecs (d’Homère à Théocrite), puis latins (de Catulle à Venance Fortunat). Elle est complétée par une féconde étude de la rhétorique épidictique, qui fait notamment le point sur les Progymnasmata d’Hermogène et d’Aphtonios, particulièrement exploités à la Renaissance, et par une brève étude de la poésie médiolatine. La deuxième partie aborde des questions contextuelles comme les débats sur le mariage et la vie conjugale, décrit les festivités des noces et leurs enjeux politiques et fournit un précieux répertoire d’épithalames. Sont ainsi présentées les œuvres de soixante-six poètes originaires de toute l’Europe, du polygraphe espagnol Antonio Agustín (1517-1586), qui composa un poème sur le mariage de sa sœur, au poète hongrois Mihovila Vrančić (1514-1571) qui célébra les noces du roi Juan Zápolya de Hongrie avec Isabelle Jagellón de Pologne. La dernière partie, la plus riche, analyse les caractéristiques, topiques et stylistiques, de l’épithalame néolatin, par exemple la topique du printemps, l’érotisme, le recours à la mythologie, le chant amébée, les éléments chrétiens, comme la présence d’un Christus pronubus ou d’une pronuba Virgo qui se substituent aux divinités antiques, ou encore la deductio de la fiancée. Ce dernier point que l’auteur nomme « el viaje de la novía » reçoit une attention particulière et il est illustré dans quatre épithalames qui décrivent le voyage d’Hippolyta Sforza à Naples, de Léonore d’Aragon à Ferrare, d’Isabelle d’Aragonà Milan et de Jeanne d’Autriche à Lisbonne. Une riche bibliographie ainsi que de nombreux index contribuent encore à l’utilité de l’ouvrage qui rassemble une abondante matière et comprend de minutieuses analyses poétiques.

Virginie Leroux (EPHE, PSL)

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 47-48).

Jean-Baptiste Santeul, Œuvre poétique complète, édition de Guillaume Bonnet, Paris, Classiques Garnier, 2019 (Virginie Leroux)

Jean-Baptiste Santeul, Œuvre poétique complète, édition de Guillaume Bonnet, Paris, Classiques Garnier, 2019, 2 tomes, 1720 p.

Jean-Baptiste Santeul (1630-1697) connut une grande notoriété durant le règne de Louis XIV comme poète français d’expression latine. La Bruyère le dépeignit en Théodas (Des jugements, 56), personnage fantasque et multiple, mais doté d’un grand génie : « Quelle élévation ! Quelles images ! Quelle latinité ! ». Une riche introduction fait le point sur son parcours, analyse le baroquisme de son œuvre – qui n’est pas sans évoquer Corneille, avec lequel Santeul entretenait une relation d’estime et d’émulation, étudiée dans l’annexe V – et nous fait entrer dans l’atelier du poète grâce aux nombreux documents qui témoignent des modalités de composition et de correction de certains poèmes. Les choix éditoriaux de Guillaume Bonnet sont exposés à la fin de l’introduction et développés dans un riche appendice critique (annexe III, p. 1577-1657). S’appuyant sur les éditions posthumes de 1698 et de 1729, il les a complétées en ajoutant d’autres textes de Santeul imprimés, mais non publiés sous son nom jusqu’à aujourd’hui. S’il adopte généralement la version la plus récente des poèmes dans l’idée que le poète revoyait ses productions, il a parfois préféré préserver des unités comme Les Chantilliennes dans leur premier jet. Le classement des pièces n’est pas strictement chronologique mais quatre périodes sont distinguées : la première section correspond à la jeunesse du poète et se clôt avec la première édition groupée de ses œuvres en 1670. On y relève la fameuse « Bulle » ou « Métamorphose d’une larme de Phyllis, transformée d’abord en bulle, puis en étoile » (p. 74-91). La seconde section, qui correspond aux poèmes de la maturité (1670- 1690), comprend notamment les poèmes destinés au roi, à la maison de Condé, aux grands familles parlementaires et aux monuments de la ville de Paris, dont Santeul est le poète officiel. La troisième section, pourvue d’une introduction propre, regroupe les hymnes qui ont fait le succès du poète. Dans les années 1675, Santeul fut, en effet, sollicité lorsque prit corps dans l’église de France, de plus en plus tentée par une émancipation gallicane, le souhait de réviser le bréviaire que la Contre-Réforme avait laissé incomplet. Présentes dans de nombreux bréviaires, certaines de ses hymnes ne furent abandonnées qu’au milieu du XIXe siècle. La quatrième section rassemble les productions des dernières années du poète, toutes de combats et de désillusions. La limpidité et l’élégance de la traduction française, la richesse de l’annotation et les nombreuses annexes permettent de prendre la mesure du talent de Santeul et de l’intérêt de sa production poétique, ancrée dans les querelles politiques, religieuses et littéraires de l’époque.

Virginie Leroux (EPHE, PSL)

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 47).

Le Siècle des vérolés. La Renaissance européenne face à la syphilis, anthologie dirigée par A. Bayle, avec la collaboration de B. Gauvin, Grenoble, Jérôme Millon, « Mémoires du corps », 2019 (Anne Bouscharain)

Le Siècle des vérolés. La Renaissance européenne face à la syphilis, anthologie dirigée par A. Bayle, avec la collaboration de B. Gauvin, Grenoble, Jérôme Millon, « Mémoires du corps », 2019, 384 p., 26€

Passionnante plongée au cœur d’une pandémie qui soudain déferle sur l’Europe humaniste, conjuguant en un ballet funèbre le sexe et la mort, rongeant les corps, corrodant l’imaginaire collectif, cette anthologie se compose d’une centaine de textes qui évoquent l’apparition terrifiante de la vérole à la fin du XVe siècle. Organisée autour de douze chapitres thématiques, elle permet d’appréhender les enjeux de la découverte de ce nouveau mal, tant sur le plan scientifique et médical, que d’un point de vue plus intime, personnel. Elle éclaire l’influence prépondérante de ce mal sur les représentations idéologiques, politiques, morales et sur la littérature. Les extraits sélectionnés, composés entre 1495 et 1623 et souvent inédits, sont des traductions françaises originales d’œuvres écrites en latin, italien, espagnol, portugais ou anglais ; quant aux textes français du XVIe siècle, ils sont présentés dans une orthographe modernisée.

À travers une riche diversité d’auteurs, de pays et d’époques, cet ouvrage montre la profonde difficulté que les hommes de la Renaissance ont éprouvée à décrire et comprendre un mal jusqu’alors inconnu et devenu en quelques années un fléau universel, signe d’opprobre et de souffrance. Se jouant des frontières géographiques et des genres littéraires, la vérole se trouve ainsi au centre de la réflexion contemporaine et s’invite dans le discours des lettrés et savants, qu’ils soient médecins, historiens, voyageurs, moralistes, théologiens ou encore poètes. Car, au-delà du savoir scientifique proprement dit, cette anthologie cherche surtout à éclairer quelle image de la maladie se forge dans les œuvres littéraires contemporaines, à travers les tout premiers témoignages qu’elle suscite.

De nombreux textes reviennent sur l’étonnante variété des noms attribués à la vérole et sur la conséquence de cet embarras à nommer, la difficile constitution d’un savoir autour de l’origine, des causes, des symptômes et des remèdes à donner au mal. Très vite la vérole suscite une prise de position idéologique : réprobation, soupçon, discrimination deviennent alors le lot des malades, pestiférés d’un genre nouveau qui cristallisent la grande peur de leurs contemporains. D’autres textes prennent pour objet le portrait du corps souffrant, faisant du vérolé un type littéraire, pathétique ou grotesque. Au-delà de l’apparence physique, ce sont aussi les relations sociales que la vérole transforme totalement : la maladie, associée à l’intempérance sexuelle, fait honte, elle provoque suspicion mise au ban, elle devient l’accusation et l’injure par excellence dans la satire. La fin de l’anthologie explore par ailleurs le pouvoir créateur de la maladie à travers la fiction, en montrant combien invention et écriture permettent d’une certaine manière de conjurer la maladie et de s’en affranchir.

Anne Bouscharain

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 46-47).

À la recherche d’un signe perdu : Jean-Baptiste de La Brosse, S.J., Éléments de la langue montagnaise (1768). édition du texte latin de Jean-François Cottier et commentaire linguistique de Renée Lambert- Brétière, Neuville sur Saône, Editions Chemins de tr@verse, Chartae neolatinae, 2018 (Virginie Leroux)

À la recherche d’un signe perdu : Jean-Baptiste de La Brosse, S.J., Éléments de la langue montagnaise (1768), édition du texte latin de Jean-François Cottier et commentaire linguistique de Renée Lambert- Brétière, Neuville sur Saône, Editions Chemins de tr@verse, Chartae neolatinae, 2018, 304 p.

L’ouvrage constitue la première édition, avec traduction française et commentaire linguistique, des Éléments de grammaire montagnaise, rédigés en 1768 par le père jésuite Jean-Baptiste de La Brosse. Missionnaire au Canada à partir de 1754, il se consacra à l’évangélisation et à l’instruction des Innus de 1766 jusqu’à sa mort en 1782. Parmi les Européens qui abordèrent le Nouveau Monde, les Jésuites ont davantage pris en compte la langue de leurs destinataires et ont compris la nécessité d’en avoir une connaissance approfondie en vue de leur conversion. Rédigée en latin, langue de l’Église et de la formation humaniste, mais aussi langue d’usage des élites cultivées qui l’utilisaient pour leurs travaux historiographiques, linguistiques et scientifiques, la grammaire du père de La Brosse témoigne des efforts de description des langues amérindiennes du XVIIIe siècle, qui portèrent à la fois sur les langues algonquiennes (Abénaki et Montagnais) et sur les langues iroquoises. Elle s’inscrit, par ailleurs, dans un mouvement plus général de « linguistique missionnaire » dont les fondements théoriques reposent sur la croyance de l’époque dans un langage mental originel dont la rationalité persistait, mais de manière fragmentée, dans la variété des langues de l’après-Babel. La Brosse utilise ainsi le modèle de la langue latine pour décrire l’innu : c’est ainsi qu’il s’efforce de lui appliquer la division traditionnelle en huit parties (noms, pronoms, verbes, participes, prépositions, adverbes, interjections, conjonctions) ou le système des cas indo-européens (chapitre 2, 7-12) alors que ces catégories ne correspondent pas à la réalité linguistique de l’innu. L’analyse révèle cependant que le père de La Brosse a conscience des particularités propres aux langues amérindiennes et tâche de rendre compte le plus exactement possible de la langue de l’autre. Témoignage unique sur l’état de cette langue nomade au XVIIIe siècle, cet ouvrage passionnant intéressera autant les spécialistes de linguistique autochtone que les latinistes et, plus généralement, tous ceux qui sont curieux de l’histoire de la Nouvelle-France.

Virginie Leroux (EPHE, PSL)

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 46).

La correspondance philologique de Niccolò Perotti, édition critique, traduction et commentaire par J.- L. Charlet, Neuville-sur-Saône, Chemins de tr@verse, « Chartae neolatinae », 2018 (Anne Bouscharain)

La correspondance philologique de Niccolò Perotti, édition critique, traduction et commentaire par J.- L. Charlet, Neuville-sur-Saône, Chemins de tr@verse, « Chartae neolatinae », 2018, 438 p., 36€

Cette édition rassemble cinq lettres philologiques tirées de la correspondance de l’humaniste Niccolò Perotti (1430-1480), auteur d’une somme érudite sur la langue latine restée inachevée, Cornu copiae seu linguae latinae commentarii (dont J.-L. Charlet a dirigé l’édition entre 1989 et 2001).

L’introduction présente l’auteur et son œuvre ; elle revient plus en détail sur son manuel de composition épistolaire afin d’en comparer la typologie avec le corpus provisoire de lettres qu’il constitua en vue d’une publication (76 ou 77 lettres selon les manuscrits). De cette comparaison ressort l’originalité des lettres philologiques rédigées autour des années 1470, la lettre à Guarnieri et les deux lettres au cardinal Ammanati, qui, toutes trois, concernent le naturaliste Pline, et la lettre à Pomponio Leto, sur Martial.

La longue Lettre à Guarnieri fait l’objet d’un premier chapitre nourri (un peu plus de 140 pages), qui contient une riche présentation, une édition du texte latin avec sa traduction française en regard et un commentaire détaillé en fin de volume, mais également la lettre de réponse qu’elle suscita de la part de Cornelio Vitelli. La présentation examine d’abord, avec une grande précision documentaire et chronologique, les épisodes de la controverse autour de l’Histoire naturelle de Pline, afin d’éclairer le contexte de l’écriture en 1470, ainsi que la polémique que provoqua cette lettre lors de sa circulation et qui est illustrée, deux ans plus tard, par la lettre de Vitelli. Elle expose ensuite les enjeux de la méthode philologique de Perotti dans cette lettre-traité qui se veut un commentaire de la préface de Pline. Enfin elle fait l’état de la tradition manuscrite et des principes d’édition suivis.

Le deuxième chapitre considère deux lettres adressées au cardinal Ammanati, entre 1470 et 1471. On quitte la polémique pour l’émulation amicale de deux humanistes férus d’érudition. Pour chacune d’elles –la première est très brève, la seconde plus développée–, la présentation qui en détaille le destinataire, la datation et les enjeux, est à nouveau suivie de l’édition avec traduction commentée. Ces lettres font revivre la tradition des banquets humanistes romains et des conversations philologiques qui les animent (ici à propos d’expressions relatives à la botanique ou aux sciences naturelles) : Perotti élucide le sens de mots rares et les réalités qu’ils désignent, sollicitant l’avis éclairé du cardinal. Ce travail novateur sur le lexique latin annonce et éclaire par sa méthode l’entreprise postérieure du Cornu copiae.

Le troisième et dernier chapitre, le plus bref, s’attache à la lettre de 1473 adressée à Pomponio Leto, qui s’inscrit dans la polémique sur Martial opposant Perotti à Domizio Calderini. Cette fois l’humaniste, sous couvert de partager une anecdote plaisante, s’en prend à la figure d’un professeur du Studio de Rome qu’il moque pour son enseignement sur les Epigrammes et son incompétence. A la raillerie succède une véritable démonstration où Perotti expose son propre commentaire sur la leçon contestée dans le texte du poète latin.

Comme cela a été indiqué, les lettres philologiques sont accompagnées d’un commentaire abondant (plus de 150 pages), à la fois précis et savant, qui permet de mesurer l’importance et l’originalité de cette correspondance. Outre une bibliographie, cette édition s’enrichit également de deux annexes : la praefatio de l’Histoire naturelle dans les premières éditions italiennes de Pline et une épigramme latine de Francesco Patrizi). Ce travail d’une remarquable érudition donne vie avec brio à un moment singulier de la philologie humaniste.

Anne Bouscharain

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 45-46).

Jan Papy (dir.), Le Collège des Trois Langues de Louvain 1517-1797. Erasme, les pratiques pédagogiques humanistes et le nouvel institut des langues. Edition française préparée en collaboration avec Lambert Isebaert et Charles-Henri Nyns, Peeters, Leuven-Paris, Bristol, CT, 2018 (Virginie Leroux)

Jan Papy (dir.), Le Collège des Trois Langues de Louvain 1517-1797. Erasme, les pratiques pédagogiques humanistes et le nouvel institut des langues. Edition française préparée en collaboration avec Lambert Isebaert et Charles-Henri Nyns, Peeters, Leuven-Paris, Bristol, CT, 2018, 210 p.

La version originale de cet ouvrage a paru en néerlandais en 2017, à l’occasion du 500e anniversaire de la fondation du collègue trilingue, en 1517, sous l’inspiration d’Erasme et grâce au legs de Jérôme de Busleyden, décédé au cours d’une mission au service du futur empereur Charles Quint. C’est au départ l’intérêt pour les sources bibliques qui motive l’entreprise et le désir d’avoir un accès critique à la source du christianisme, c’est-à-dire aux textes latins, grecs et hébreux. La célébration de l’anniversaire du Collegium Trilingue est l’occasion de se pencher sur les conditions d’émergence de la philologie, une discipline dans laquelle le Collège a joué un rôle primordial en jetant les bases d’une tradition louvaniste ininterrompue depuis cinq siècles. Se distinguant de la monumentale étude d’Henry de Vocht, parue en quatre tomes entre 1951 et 1955, ce volume collectif se focalise, dans une perspective diachronique, sur la question des langues et de leur enseignement afin d’identifier la « recette magique » qui a permis d’attirer aussi rapidement à Louvain entre trois et six cents étudiants de toute l’Europe. Sont successivement analysés le rôle joué par Érasme qui a fait du collège un laboratoire d’idées parmi les plus novateurs d’Europe (Jan Papy) ; l’hésitation permanente des théologiens entre appréciation et résistance (Gert Gielis) ; la vie quotidienne au sein du collège (Jan Papy) ; l’apprentissage des langues vivantes (Pierre Swiggers) ; l’enseignement du latin (Xander Feys et Dirk Sacré), du grec (Raf Van Rooy et ToonVan Hal) et de l’hébreu (Pierre Van Hecke). Une attention particulière a été accordée aux méthodes, aux manuels et aux éditions de texte, aux commentaires et aux tableaux synoptiques imprimés dans le but de servir à une didactique rénovée. Notons que Jan Papy a aussi publié, en néerlandais, le catalogue de l’exposition Erasmus’s Dream : Collegium Trilingue 1517- 2017 qui s’est tenue à Louvain du 19 octobre 2017 au 18 janvier 2018 : Erasmus’ droom. Het Leuvense Collegium Trilingue 1517-1797.Catalogus bij de tentoonstelling in de Leuvense Universiteitsbibliotheek, 18 oktober 2017 – 18 januari 2018, onder redactie van Jan Papy » (Leuven – Paris – Bristol, CT : Peeters, 2017). Deux ouvrages stimulants qui donnent sens à l’étude des langues anciennes et des langues orientales au début du troisième millénaire.

Virginie Leroux (EPHE, PSL)

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 45).

Giovanni Pontano, L’Éridan/Eridanus, introduction, texte latin, traduction et commentaire par Hélène Casanova-Robin, Paris, Les Belles Lettres, « Les classiques de l’humanisme », 2018 (Laurence Boulègue)

Giovanni Pontano, LÉridan/Eridanus, introduction, texte latin, traduction et commentaire par Hélène Casanova-Robin, Paris, Les Belles Lettres, « Les classiques de l’humanisme », 2018, 463 p., 45 €.

Après les Églogues, publiées en 2011, la collection des Classiques de l’humanisme offre pour la première fois la traduction en français et l’étude par Hélène Casanova-Robin de L’Éridan de Giovanni Pontano, recueil en deux livres d’élégies latines édité pour la première fois à Naples en 1505 par les soins de Pietro Summonte, disciple de l’humaniste napolitain. Les nombreuses rééditions qui suivirent témoignent de l’estime qui fut portée à cette œuvre tout au long du XVIe siècle et révèlent à quel point la lecture des élégies de Pontano est indispensable pour tout spécialiste de la poésie humaniste. Le premier livre est composé de trente-quatre poèmes en grande partie consacrés à Stella, mais on trouve aussi quelques poèmes à visée étiologique. Le personnage de Stella reste au cœur du second livre, le poète offrant pour écrin à la célébration du sentiment amoureux, en pièces liminaire et finale, l’évocation de sa femme Ariadna, désormais disparue. Si l’unité du recueil n’est pas parfaitement homogène, puisque dans le second livre aussi sont insérées quelques épigrammes relevant du genre gnomique, néanmoins dominent les sujets et les figures amoureuses chers à Pontano, la variété du recueil étant d’ailleurs représentative des œuvres élégiaques humanistes.

Dans une étude introductive substantielle, Hélène Casanova-Robin examine avec soin la composition complexe de l’Eridanus qui a donné lieu à diverses interprétations et hypothèses – autobiographie ou pure fiction ? c’est ce que suggère la deuxième élégie. Si la première lecture est sur certains points pertinente, néanmoins c’est résolument dans la seconde optique que peut être révélée toute la richesse de la poésie pontanienne, ce à quoi aboutit de façon convaincante l’examen minutieux du texte : « Stella est ficta : la figure concentre les questionnements de l’humaniste » (p. CVII). Le titre même, hommage au fleuve qui accueillit Phaéton brûlé dans ses eaux, inscrit l’œuvre dans un « territoire tout entier contaminé par les feux de la passion » (p. XIX), territoire qui est aussi générique – l’élégie – et textuel – dans la tradition propertienne de la puella unique renouvelée par Pétrarque et par Landino dans Xandra. Ainsi, l’étude du texte est-elle organisée autour de cinq motifs ou fils directeurs : le mythe des origines, l’amour sensuel, les figures amoureuses, la lumière dont Stella est l’étoile du recueil et, enfin, la consolation partout présente. Cette belle étude est considérablement complétée par l’appareil de notes sur le texte.

Fondé sur l’édition de Benedetto Soldati en 1902, le texte de l’Eridanus qui est ici proposé en offre une révision en prenant appui principalement sur l’édition princeps de 1505 à laquelle s’ajoute la consultation de l’édition vénitienne de 1518 et des éditions récentes de Joannes Oeschger (1948) et de Liliana Monti Sabia (choix de poèmes dans l’anthologie Poeti latini del Quattrocento en 1964). Ainsi le lecteur dispose-t-il d’un texte fiable dont les choix de ponctuation et les orthographica sont harmonisés de façon claire et cohérente. La traduction, en regard, suit la mise en vers du modèle latin, rendant hommage au talent de Pontano. Ce deuxième volume des poèmes de Pontano comble avec bonheur un manque important de notre bibliothèque humaniste.

Laurence Boulègue (UPJV)

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 44).

Danièle James-Raoul et Françoise Laurent (dir.), Poétiques de l’octosyllabe, Paris, Champion (Colloques, congrès et conférences sur le Moyen Âge), 2018 (Émilie Séris)

Danièle James-Raoul et Françoise Laurent (dir.), Poétiques de l’octosyllabe, Paris, Champion (Colloques, congrès et conférences sur le Moyen Âge), 2018.

Issues de journées d’études organisées à l’Université Bordeaux Montaigne et à l’Université Clermont Auvergne en 2012 et en 2014, les vingt-deux études réunies par Danièle James-Raoul et Françoise Laurent constituent un apport important dans le domaine de la métrique médiévale. L’ouvrage est centré sur un mètre particulier, l’octosyllabe, dont l’apparition marque à plusieurs égards une véritable révolution littéraire. Il se distingue en effet à la fois des vers latins en se fondant sur l’élément de la syllabe et non plus sur la quantité et d’autres vers comme le décasyllabe ou l’alexandrin en raison de l’absence de césure fixe. De plus, sa simplicité et son évidence lui permettent de s’adapter à une grande variété de contenus didactiques ou fictionnels. Employé dans la chanson de geste comme dans le roman, ce mètre est aussi au cœur de l’opposition entre les pratiques de la psalmodie ou du chant et celles de la diction ou de la lecture, entre lyrisme et narration.

Le livre est composé de cinq parties : il retrace d’abord la genèse de l’octosyllabe des origines latines à la naissance romane, puis analyse la mise en œuvre de ce « vers à tout faire » dans des textes variés et parfois atypiques (Gormont et Isembart, le Roman de Rou de Wace, le Jardin de Plaisance, Lion de Bourges), les recherches formelles et stylistiques dont il a fait l’objet chez certains auteurs (Roman d’Eneas, Continuation du roman de Partonopeu de Blois, Registre de Gilles le Muisit, Melyador de Jean Froissard) ainsi que ses emplois au sein des formes fixes médiévales et en particulier du huitain. Il s’intéresse enfin à la fortune de l’octosyllabe du Moyen Âge jusqu’au XXe siècle dans le Roman inachevé d’Aragon ou dans la poésie espagnole contemporaine.

Les médio- et néolatinistes seront particulièrement sensibles aux questions soulevées par la première partie de l’ouvrage sur la continuité et les ruptures entre la lyrique latine et l’octosyllabe. Deux thèses s’affrontent – origine latine ou nordique– entre lesquelles les auteures se gardent de trancher. Si Antoine Foucher voit dans le dimètre ïambique de Plaute, d’Horace, de Sénèque ou d’Ambroise la matrice de l’octosyllabe, Michel Banniard établit des rapports étroits entre la versification des premiers monuments en langue d’oïl et la poésie latine rythmique des VIe-IXe siècles ainsi que la poésie germanique de la même période et Denis Hüe montre l’héritage déterminant de la métrique anglo-normande dans ce « groupe de seize syllabes comportant une rime intérieure » que forme le couplet d’octosyllabes. Elargissant la question de la poétique de l’octosyllabe au style et non seulement aux considérations sur la métrique, Florent Rouillé confirme cependant l’influence de l’art poétique horatien sur l’écriture des romans en octosyllabes adaptés du latin tel le Roman de Thèbes, une transmission dont témoignent les traités médio-latins du XIe et du XIIe siècle.

Ce recueil, par la diversité des approches et des textes étudiés, passionnera tous les spécialistes de poésie.

Émilie Séris (Sorbonne Université Lettres)

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 43-44).