Princeps philologorum. L’autorité du philologue dans les éditions de textes anciens à la Renaissance (Grenoble)

Source : https://www.fabula.org/actualites/princeps-philologorum-lautorite-du-philologue-dans-les-editions-de-textes_105142.php

Information publiée le 24 Novembre 2021 par Marc Escola (source : Sarah Gaucher)

À la croisée des recherches menées au sein de l’ANR IThAC, qui porte sur les paratextes théâtraux des auteurs anciens à la Renaissance, et du centre Translatio, qui s’intéresse à la transmission et à la réception des textes antiques, ce colloque se propose de réfléchir à l’autorité du philologue, compris au sens large de savant – éditeur, traducteur, correcteur – et de commentateur de textes anciens à la Renaissance.

Programme

Jeudi 2 décembre

9h Introduction au colloque – Florian Barrière ; Malika Bastin-Hammou ; Isabelle Cogitore ; Mathieu Ferrand

9h30 Conférence inaugurale. Martine Furno, Université Grenoble Alpes : « L’imprimeur e(s)t le philologue : enjeux sociaux, économiques et intellectuels de l’ethos philologique de l’imprimeur au XVIe siècle, de Josse Bade à Henri Estienne »

10h30 Pause

Session 1 : La question de l’autorité face au grec et à l’hébreu  – Présidence : Malika Bastin-Hammou

10h45 Christiane Louette, Université Grenoble Alpes : « L’imperturbable assurance du traducteur d’Homère à la Renaissance »

11h15 Jesús de Prado Plumed, Universidad Nacional Autónoma de México / École Pratique des Hautes Études : « Une joyeuse entrée ? L’institutionnalisation des savoirs juifs en Espagne inquisitoriale sous l’angle de la culture écrite de l’humanisme »

Session 2 : Éditer les poètes latins – Présidence : Mathieu Ferrand

14h Florian Barrière, Université Grenoble Alpes, et Bénédicte Chachuat, Université Toulouse-Jean Jaurès : « Gregor Bersmann, éditeur de Lucain »

14h30 Matteo Rossetti, Università di Milano : « Poetam ego primus pubblice legi. Lorenzo Bonincontri, primo commentatore di Manilio »

15h Virginie Leroux, École Pratique des Hautes Études : « Conflits d’autorité : Marc-Antoine Muret et Joseph-Juste Scaliger éditeurs et commentateurs des poètes élégiaques latins »

15h30 Pause

16h Sarah Gaucher, Université Jean Moulin Lyon III : « Les paratextes à l’édition de Lucilius par Dousa (1597) »

16h30 David Amherdt, Université de Fribourg : « Conrad Gessner philologue »

Vendredi 3 décembre

Session 3 : Le philologue et l’écriture de l’Histoire – Présidence : Isabelle Cogitore

9h15 Agnese D’Angelo, Università di Roma “La Sapienza” : « Petrus Victorius’ edition of Sallust »

9h45 Marie-Laure Freyburger-Galland, Université de Haute Alsace : « Les éditions humanistes de Dion Cassius : la philologie au service de l’histoire romaine »

10h15 Pause

10h30 Kévin Bovier, Université de Fribourg : « Pédagogie, patriotisme et philologie : Johannes Rhellicanus et ses Annotationes à César »

11h Lucie Claire, Université de Picardie : « La fabrique du philologue. Stratégies auctoriales dans les Notae sur Quinte-Curce de Franciscus Modius (Cologne, 1579) »

Session 4 : Autorité diffractée : le philologue dans son siècle – Présidence : Florian Barrière

13h30 Gérard Freyburger, Université de Strasbourg : « L’écho de la préface de Béroalde à l’édition princeps de Censorinus dans l’exemplaire annoté par Beatus Rhenanus »

14h Pause

14h15 Philippine Azadian, École nationale des Chartes : « La mise en scène de la méthode philologique d’Adrien Turnèbe dans ses éditions »

14h45 Mathieu Ferrand, Université Grenoble Alpes : « Autorité et auctorialité partagée dans l’édition des vingt comédies de Plaute par Denis Lambin (Paris, 1576) »

15h15 Conclusions – Pascale Paré-Rey

*

Informations pratiques

Date : 02-03/12/2021

Lieu : Université Grenoble Alpes (02/12/2021 F018 bâtiment IM2AG – 03/12/2021 Amphithéâtre de la MaCI)

Organisateurs : Centre de recherche Translatio (UMR 5316 Litt&Arts) – ANR « IThAC »

Organisé par Florian Barrière, Malika Bastin-Hammou, Isabelle Cogitore, Mathieu Ferrand

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Suivi à distance : Zoom, pour obtenir le lien de connexion contacter sarah.gaucher@univ-lyon3.fr

URL DE RÉFÉRENCE

https://ithac.hypotheses.org/

ADRESSE

Université Grenoble Alpes (02/12/2021 F018 bâtiment IM2AG – 03/12/2021 Amphithéâtre de la MaCI)

Colloque international Pédagogies de la Renaissance et supports de l’écrit à la Bibliothèque Humaniste de Sélestat

Colloque international Pédagogies de la Renaissance et supports de l’écrit. Bibliothèque Humaniste de Sélestat – Auditorium 1 place Dr Maurice Kubler 67600 Sélestat

21-23 octobre 2021

Les liens entre le monde des pédagogues et celui du livre, à la Renaissance, sont multiples et bien documentés. On se propose, dans le présent colloque, d’examiner de quelles façons les supports de l’écrit – imprimé, manuscrit – interviennent dans la conception, la diffusion et la réception des pédagogies de la Renaissance. Quelles évolutions dans la manière d’enseigner ou de suivre un cours peut-on déceler ? Quelles transformations, quelles réflexions pédagogiques suppose le passage d’un cours délivré dans un cadre précis, oralement, devant un auditoire limité et dans une « performance » singulière, à un ouvrage pédagogique, dont les lectorats peuvent être variés, et qui fige un contenu ? Dans quelle mesure les ouvrages pédagogiques produits sont-ils le reflet de cours délivrés in vivo, ou l’invention d’ouvrages spécifiques ? Comment les possibilités de l’imprimé conduisent-elles à l’invention de genres scolaires nouveaux ? Le colloque sera hébergé par la Bibliothèque humaniste de Sélestat, riche de documents particulièrement significatifs pour la thématique du colloque, comme le cahier d’étudiant et les livres universitaires de Beatus Rhenanus.

Organisation :

•Lucie Claire (Université de Picardie Jules Verne)
•Anne-Hélène Klinger-Dollé (Université Toulouse Jean-Jaurès – IUF)
•Martine Furno (IRHIM – ENS Lyon)
•Laurent Naas (Bibliothèque Humaniste de Sélestat)

Programme

JEUDI 21 OCTOBRE 2021
13h30 Accueil des participants – Café
14h00 Accueil par le maire, la Bibliothèque humaniste de Sélestat, introduction
du colloque
Enseignants humanistes : usages de l’écrit et de l’oral
14h30 Émilie SÉRIS (Université Paris Sorbonne)
La pédagogie d’Ange Politien, entre discours imprimés, notes de cours
et performance orale
14h55 David AMHERDT (Université de Fribourg, Suisse, IAB)
Le rôle des manuels et des commentaires de Glaréan dans sa pédagogie
15h20 Discussion – Café
16h15 Nathaël ISTASSE (Bibliothèque royale de Belgique)
L’œuvre manuscrite, imprimée et posthume d’un professeur de la
Renaissance : essai diachronique sur l’entreprise pédagogique de J. Ravisius
Textor
16h40 Lucie CLAIRE (Université de Picardie Jules Verne, TrAme)
Marc-Antoine Muret professeur. Pratiques pédagogiques et supports de
l’écrit dans le cours sur les Annales de Tacite
17h05 Discussion
18h00 Présentation du fonds de la BHS par James HIRSTEIN (Université de
Strasbourg, ILBR) et Laurent NAAS (Bibliothèque humaniste de Sélestat)

VENDREDI 22 OCTOBRE 2021
Ressources pédagogiques de l’imprimé
9h00 Federica ROSSETTI (Wolfenbüttel)
Enseignement du Latin et enseignement moral à la Renaissance. Les éditions
des anthologies et des ouvrages apocryphes de Sénèque aux XVe
et XVIe
siècles
9h25 Mathieu FERRAND (Université Grenoble Alpes, Litt & Arts)
Représentations de l’écrit dans quelques colloques scolaires
9h50 Marie-Joëlle LOUISON-LASSABLIÈRE (Université Jean Monnet Saint-Étienne, IRHIM)
De la classe de danse au manuel de pédagogie chorégraphique :
l’enseignement d’Antonius Arena dans Ad suos compagnones.
10h15 Discussion – Café
11h15 Christiane DELOINCE-LOUETTE (Université Grenoble Alpes, Litt & Arts)
Le jeu des questions-réponses dans quelques commentaires pédagogiques
d’Homère à la Renaissance, de Melchior Wolmar (1523) à Martin Crusius (1594).
11h40 Martine FURNO (Ens Lyon, IRHIM)
Que faire des fautes de latin dans les imprimés pédagogiques au XVIe
siècle ?
12h05 Discussion
Enseigner, apprendre les langues au XVIe
siècle
Le grec : enseignement et auto-enseignement
14h15 Malika BASTIN-HAMMOU (Université de Grenoble Alpes, Litt & Arts)
Les « grammaires » grecques en France (1507-1554) : de l’apprentissage
de la morphologie à l’exercice de la traduction
14h40 Konstantina KEFALLONITI (EPHE) et Afroditi GKENAKOU (EPHE)
L’apprentissage de l’écriture et de la langue grecque par Beatus Rhenanus
d’après ses manuscrits d’écolier et les manuscrits grecs byzantins qu’il
possédait
15h05 Xander FEYS (KU Leuven)
Reading Homer’s Odyssey at the Leuven Collegium Trilingue: Two Accounts
of Student Notes Taken during the Same Course?
15h30 Discussion – Café
Français langue étrangère, hébreu : de nouveaux enseignements
16h30 Susan BADDELEY (Université de Versailles-Saint-Quentin-en Yvelines, IECI)
Présentation typographique et modalités d’apprentissage : L’exemple des
premiers manuels imprimés pour l’apprentissage du français en Angleterre
(1521-1532)
16h55 Maxime MALEUX (KU Leuven)
Grammaires et notes manuscrites dans les cours d’hébreu à Louvain au XVIe
siècle
17h20 Discussion
18h00 Visite libre du Musée de la Bibliothèque humaniste de Sélestat (réservée aux
intervenants)

SAMEDI 23 OCTOBRE 2021
Beatus Rhenanus, l’École latine de Sélestat et le milieu universitaire parisien
9h00 Felicia TOSCANO (Université de Salerne)
Beatus Rhenanus’ Annotations on Ovid’s Fasti in the ms. Sélestat,
Bibliothèque Humaniste, 50
9h25 Marion BERNARD-SCHWEITZER (Bibliothèques de l’Université de Strasbourg)
Vivre et étudier dans un collège universitaire parisien au début du XVIe
siècle. Un monde en évolution
9h50 Discussion – Café
10h45 Thierry CLAERR (Ministère de la Culture, chercheur-associé au Centre Jean-
Mabillon de l’École des Chartes/PSL)
Le rôle des libraires jurés de l’Université de Paris dans la conception, la
production et la diffusion de l’édition scolaire à la fin du XVe
siècle et au
début du XVIe
siècle
11h10 Anne-Hélène KLINGER-DOLLÉ (Université Toulouse – Jean Jaurès ; PLH-
ERASME / Institut universitaire de France)
Étudier à l’ère de l’imprimé : les manuels d’éthique aristotélicienne
annotés par Beatus Rhenanus
11h35 Discussion
Imprimés, manuscrits, quels choix, pour quels élèves ?
Stratégies d’imprimeurs
13h30 Laurent NAAS (Bibliothèque humaniste de Sélestat)
L’enseignement de base du latin en Alsace et à la Renaissance, à travers
la production imprimée d’outils pédagogiques à Strasbourg et
Hagueneau (v. 1450-1530)
13h55 John NASSICHUK (Western Ontario University, Canada)
La lamentation de Sannazar, rééditée en 1589
14h20 Discussion – Café
Les livres de et pour les enfants nobles
15h15 Sylvène ÉDOUARD (Université Lyon 3 – LARHA)
De la bibliothèque d’études d’Édouard VI, roi d’Angleterre, à ses cahiers
d’exercices : quels ouvrages pour l’instruction du prince ?
15h40 Frédéric MAGNIN (CNRS Aix-Marseille Université)
Le traité d’équitation et d’hippiatrique du sieur de Lugny (1597) :
un exemple de diffusion de la pédagogie équestre par le manuscrit
16h05 Discussion
16h45 Conclusions
17h00 Visite guidée de Sélestat

Les noces de Philologie et de Guillaume Budé. Un humaniste et son œuvre à la Renaissance

Vous pourrez trouver ci-dessous la présentation du volume d’actes du colloque de 2018 sur l’œuvre de Guillaume Budé et sa réception, paru aux presses de l’École Nationale des Chartes en septembre 2021 : Les noces de Philologie et de Guillaume Budé. Un humaniste et son œuvre à la Renaissance.

Il a été conçu sous la direction de Christine Bénévent, Romain Menini et Luigi-Alberto Sanchi.

592 pages. — Livre broché (16 x 23,5 cm). Prix France : 57 €. — ISBN : 978-2-35723-160-3. — Mise en vente : septembre 2021.

Au cours de son existence bien remplie, Guillaume Budé (1468-1540) a conçu, publié, augmenté nombre d’œuvres dont la valeur littéraire et la portée scientifique ont profondément marqué son époque et la postérité, à l’égal de son contemporain Erasme. Or les productions de Budé restent aujourd’hui relativement méconnues, malgré un regain d’intérêt qui s’est déployé tout au long du XXe siècle comme en ce début du XXIe siècle.

Ce volume a pour ambition de revenir, à la lumière des recherches les plus récentes, sur les différentes facettes d’une œuvre polycentrique, allant de l’essai historique novateur qu’est le De Asse et partibus eius à la défense et illustration du grec, de l’exégèse des sources du droit romain aux recommandations politiques de l’«Institution du prince », en passant par des considérations morales et religieuses disséminées dans les lettres, des digressions et des traités.

À la convergence de plusieurs disciplines, ce volume se propose d’identifier les parcours que Guillaume Budé a tracés, de cerner les passerelles entre les différents noyaux de son écriture, de reconstituer l’unité intellectuelle de son œuvre à une période où la diffusion du patrimoine écrit de l’Antiquité achevait sa première grande saison et ouvrait l’époque des études philologiques spécialisées. Il a pour ambition de remettre en lumière cette grande figure de l’humanisme français, reconnue entre autres pour son rôle dans la fondation du Collège de France.

Table des matières de l'ouvrage

Préface. Chorus disciplinarum, ou l’art de lire comme principe d’hospitalité : note sur Guillaume Budé et le Collège de France, par Patrick Boucheron — Introduction, par Luigi-Alberto Sanchi, Christine Bénévent et Romain Menini.

Première partie. L’auteur en son temps.
— Guillaume Budé, lumière française, par Mireille Huchon.
— Guillaume Budé et la galerie François Ier à Fontainebleau : une Institution du prince en images, par Edwige Krob.
— Guillaume Budé entre « ma maistresse Philologie » et le « cryme de flatterie , par Richard Cooper.
— Définitions et fonctions de la philosophie dans l’Institution du prince, par Marie-Dominique Couzinet.
— « Revisit et propria manu emendavit ipse Budæus ». L’exemplaire du De Contemptu rerum fortuitarum de la bibliothèque Sainte-Geneviève, par Claude La Charité.
— « Exegi monu… mendum! » Guillaume Budé correcteur de son De Transitu, par Romain Menini.

Deuxième partie. Le lecteur des Anciens et des Modernes.

— Guillaume Budé et la mémoire d’Homère. Hellénisme, tradition et mémoire culturelle au siècle de Janus Lascaris, par Patrick Morantin.
Guillaume Budé and the diversity of Greek, par Raf Van Rooy

— Guillaume Budé et l’architecture, par Francesca Mattei et Francesca Salatin.
— « Le Père de l’Église le plus cher à Budé » : Grégoire de Nazianze. À propos d’un exemplaire annoté par l’humaniste, par Romain Menini — Guillaume Budé, lecteur de Martianus Capella, par Virginie Leroux.
— Guillaume Budé, lecteur du Voyage de Ludovico di Varthema, par Tristan Vigliano.
— Le rôle de Guillaume Budé dans la diffusion de l’Utopie de Thomas More, par Michel Magnien.

Catalogue. Guillaume Budé en ses livres.

Troisième partie. Le juriste et l’antiquaire : des Annotations au De Asse

— Un humaniste au travail : les Annotationes in Pandectas, par Jean Céard

— Guillaume Budé and Roman coins, par Andrew Burnett
— Guillaume Budé, témoin des monnaies et des finances de son temps, par Marc Bompaire
Italian Precursors to the Scholarship of Guillaume Budé’s De Asse, par W. Scott Blanchard
— Éditions de l’Epitome du De Asse publiées du vivant de Budé : les leçons des exemplaires conservés à Paris, par Christine Bénévent et al.

Quatrième partie. Réceptions de l’œuvre

— Les Bartolistes ont-ils lu Budé? De l’influence de l’humanisme juridique sur les travaux des juristes français de la première moitié du xvie siècle, par Patrick Arabeyre.
— Charles Fontaine, passeur du De Asse? par Élise Rajchenbach.
— Robert et Henri Estienne, lexicographes, lecteurs de Guillaume Budé, lexicographe, par Martine Furno.
— Défense et illustration de l’hellénisme. Henri II Estienne (1531-1598), fils de Robert Estienne (1503-1559), héritier de Guillaume Budé (1468-1540), par Hélène Cazes.
— L’édition des Opera omnia de Budé (1556-1557) dans le programme éditorial bâlois, par Olivier Millet.
— Guillaume Budé, un mal rasé de la foi. La réception de Budé dans le monde réformé, de Jean Calvin à Pierre Bayle, par Max Engammare

— Budé dans les dictionnaires historiques de l’Ancien Régime : entre homme illustre et bourreau de travail, par Lyse Roy.
— Conclusion, par Romain Menini, Christine Bénévent et Luigi-Alberto Sanchi.

Résumés — Index des noms de personnes et de lieux — Table des œuvres et écrits littéraires de Guillaume Budé cités dans cet ouvrage.

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Georges Buchanan. Tragédies sacrées humanistes : Tome I – Baptistes siue Calumnia et Iephthes siue Votum, éd. Carine Ferradou

La SEMEN-L a le plaisir d’annoncer la parution aux éditions Garnier Classique du premier tome de la traduction de deux tragédies sacrées humanistes de Georges Buchanan, Baptistes sive Calumnia et Iephtes sive Votum, dans une édition établie par Carine Ferradou, membre de la Société.

L’ouvrage est le premier tome d’une série intitulée Tragédies sacrées humanistes, publiée dans la collection « Bibliothèque du théâtre français » dirigée par Charles Mazouer.

Présentation par l'éditeur

Après une introduction replaçant le théâtre sacré de George Buchanan dans le contexte culturel du xvie siècle, et la présentation de chaque tragédie, le texte latin de Baptistes siue Calumnia et Iephthes siue Votum est accompagné d’une traduction en français moderne, d’apparats, d’une bibliographie et d’index.

After an introduction placing George Buchanan’s sacred theater in the cultural context of the sixteenth century, and an overview of each tragedy, the Latin versions of Baptistes siue Calumnia and Iephthes siue Votum are accompanied by a translation into modern French, along with concordances, a bibliography, and an index.

Pour consulter l'ouvrage

Rire et sourire dans la littérature latine au Moyen Âge et à la Renaissance, sous la direction de Brigitte Gauvin et Catherine Jacquemard, Dijon, EUD, 2019

Rire et sourire dans la littérature latine au Moyen Âge et à la Renaissance, sous la direction de Brigitte Gauvin et Catherine Jacquemard, Dijon, EUD, 2019, 20 €

Comment rire(s) et sourire(s) s’inscrivent-ils dans la littérature latine du Moyen Âge et de la Renaissance ? Les chercheurs latinistes européens qui ont contribué au présent ouvrage posent cette question un demi-siècle après la publication à Dijon d’un classique : l’Essai sur le rire et le sourire des Latins d’Eugène de Saint-Denis. Loin d’être confinée à un cercle restreint d’érudits, la littérature latine de ces époques est extrêmement variée. Elle est populaire et savante, scolaire et intellectuelle, théorique et ancrée dans la réalité. Elle couvre tous les genres et tous les tons. Le rire des Anciens, entre héritage et réinterprétation, a déterminé en partie le rire médiéval et renaissant, l’influençant par les œuvres elles-mêmes comme par les textes théoriques. Mais clercs et humanistes ont su développer un rire qui leur est spécifique par ses enjeux, ses formes nouvelles, sa nature même, multiple et complexe. Ils ont aussi cherché à définir ce qu’étaient spécifiquement, pour leur temps, le rire et le sourire.

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°18 (2020) de la SEMEN-L (p. 61).

Serio ludere, Sagesse et dérision à l’âge de l’Humanisme, sous la direction d’Hélène Casanova-Robin, Francesco Furlan et Hartmut Wulfram, Paris, Classiques Garnier, n° 481 (Série Lectures de la Renaissance latine, n° 13), 2020

Serio ludere, Sagesse et dérision à l’âge de l’Humanisme, sous la direction d’Hélène Casanova-Robin, Francesco Furlan et Hartmut Wulfram, Paris, Classiques Garnier, n° 481 (Série Lectures de la Renaissance latine, n° 13), 2020, 371 p., 75 € relié, 35 € broché

L’ouvrage explore le serio ludere, dans les formes variées que ce langage emprunte chez les Humanistes, pour révaluer les codes littéraires et exprimer une contestation fantaisiste et néanmoins virulente des mœurs ou des courants de pensée contemporains.

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°18 (2020) de la SEMEN-L (p. 60-61).

Coryciana. Livre premier. Épigrammes/Epigrammata (1524), introduction, texte, traduction et notes de Lydia Keilen, Paris, Belles Lettres, collection « Les Classiques de l’humanisme », 2020 (Laurence Boulègue)

Coryciana. Livre premier. Épigrammes/Epigrammata (1524), introduction, texte, traduction et notes de Lydia Keilen, Paris, Belles Lettres, collection « Les Classiques de l’humanisme », 2020, 122 p. (introduction) et 510 p. (texte, trad., notes), 45 €

La collection des Classiques de l’Humanisme porte à notre connaissance le premier livre des Coryciana, recueil de poèmes paru en 1524 à Rome. Ces poèmes ont vu le jour dans le contexte humaniste romain du début du XVIe siècle, autour de la personnalité de Johann Goritz (Corycius, qui donne son nom au recueil), protonotaire d’origine allemande, qui avait rassemblé autour de l’église de Sant’Agostino, située sur le Campo di Marzio, de nombreux auteurs et artistes afin de célébrer le culte de sainte Anne trinitaire. Une chapelle, consacrée à Sant’Anna Materza et adossée à une fresque de Raphaël (1511-1512), a été alors créée ainsi que l’institution d’un banquet poétique annuel, qui fut l’occasion pour ce cercle de se réunir jusqu’au Sac de Rome en 1527. Il s’agit de la première traduction française de ce livre original qui témoigne de l’intense activité du milieu poétique et artistique romain sous les pontificats de Léon X et de Jules II.

Lydia Keilen, en s’appuyant sur l’édition moderne des 372 poèmes qui composent le premier livre des Coryciana réalisée en 1997 par J. IJsewijn à partir de l’édition princeps de 1524, propose un texte qu’elle a entièrement vérifié en consultant ces deux éditions, et elle en donne la première traduction en langue vernaculaire. Ce premier livre est constitué d’une vaste épître dédicatoire de Blossius Palladius (commentée p. 251-263), riche d’enseignements sur les circonstances qui ont vu naître le volume, suivie de huit poèmes qui, dans la même veine, saluent la réalisation du volume et célèbrent la figure tutélaire de Goritz, et de trois-cent-soixante-trois poèmes (Icones), consacrés à sainte Marie trinitaire, à ses représentations artistiques dans l’église Sant’Agostino et à son culte. La traduction, vers à vers, n’est pas exempte de quelques lourdeurs, mais elle est fidèle et les notes qui l’accompagnent éclairent utilement non seulement les allusions culturelles et cultuelles, mais aussi les auteurs, leurs sources et références, ainsi que les jeux poétiques d’intertextualité et d’émulation auxquels ils se livrent dans leur propre cercle et avec leurs contemporains.

La vaste étude introductive (p. IX-CXXXI) présente le contexte culturel et religieux dans lequel le projet a pris naissance et les circonstances de la genèse du volume dont la parution fut, semble-t-il, retardée par l’instigateur lui-même. La personnalité et le rôle de Johann Goritz au sein du milieu pontifical romain fait également l’objet d’un point nécessaire. L’étude présente ensuite le personnage de sainte Anne, son culte et ses représentations, ainsi que le lieu même du culte auquel l’ouvrage est intimement lié, à savoir l’église de Sant’Agostino, ses chapelles et ses œuvres d’art : la sculpture d’Andrea Sansovino, sujets de nombreux poèmes du recueil, et l’Isaïe de Raphaël, fresque qui se trouve au-dessus de la sculpture. Dans un troisième temps, sont étudiés le recueil de poèmes lui-même et sa composition, Lydia Keilen formulant des hypothèses argumentées sur la façon dont les textes qui le composent ont été retenus. Il s’agit d’un travail rigoureux qui révèle les attraits et l’originalité de son sujet.

Les Coryciana sont un ouvrage singulier, en tant qu’objet littéraire et en tant qu’objet culturel, qui saura surprendre le lecteur érudit ou simplement curieux.

Laurence Boulègue UPJV-UR 4284 TrAme

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°18 (2020) de la SEMEN-L (p. 58-59).

Colloques 2020-2021

Voici la liste des colloques et journées d’étude recensés par la SEMEN-L pour l’année 2020-2021 : vous pouvez la télécharger ici.

Colloques 2020-2021

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Rubrique colloque 2020-2021

– 5-6 octobre 2020, Journée d’études : « Remembratio codicum. Manuscrits fragmentaires de chant reconstruits », org. J. Delmulle (IRHT) et H. Morvan (Institut Ausonius), Université Bordeaux Montaigne

– 15 oct. 2020, Amiens (Logis du Roy), UPJV-UR 4284 TrAme, Journée « Écrire en poète au temps des conflits confessionnels », org. A. Duru (audrey.duru@u-picardie.fr).

– 23 octobre 2020. Atelier Pédagogies de la Renaissance et supports de l’écrit, org. Lucie Claire, Martine Furno, Anne-Hélène Klinger-Dollé et Laurent Naas, Villeurbanne, enssib,

– 16-18 novembre 2020, Université de Louvain-la-Neuve, colloque « Penser autrement les lettres et les arts : la voie/voix de la scolastique (1500-1700) », org. R. Dekoninck – A. Guiderdoni – A. Smeesters, contact aline.smeesters@uclouvain.be

– 21 novembre 2020, Atelier XVIe siècle : « Le grec à la Renaissance », Amphithéâtre Chasles, 10h-17h.

– 12 février 2021, Colloque inaugural de l’Association canadienne d’études néo-latines/Canadian Association of Neo-Latin studies, org. P. Cohen (University of Toronto), M. McShane (University of Toronto), J. Nassichuk (University of Western Ontario), L. Roman (Memorial University), F. Rouget (Queen’s University).

– 23-24 février 2021, Colloque Histoire et transmission de la Passio imaginis Salvatoris, org. Nick Thate, Aubervilliers, Campus Condorcet.

– 1er et 2 avril 2021, « La vie du livre » et « Les bibliothèques et collections » en Aquitaine à l’époque de Montaigne. (à préciser)

– 7-10 avril 2021, Dublin (en visio-conférences), Renaissance Society of America 67th Annual Meeting.

– 7-10 avril 2021, Dublin (en visio-conférence), Session double « The women’s issue among Italian and French humanists : I. Debates / II. Representations », org. L. Boulègue (UR UPJV 4284 TrAme) – S. Gambino Longo (U. Lyon), RSA 67th Annual Meeting.

– 7-10 avril 2021, Dublin (en visio-conférence), Table ronde « Les Opera omnia de Jean Second (1511-1536) », org. M. Laureys (U. Bonn) – V. Leroux (EPHE, PSL), RSA 67th Annual Meeting.

– 20 mai 2021, Journée thématique : « Les « révélations » comme support de transmission d’un savoir cosmologique », org. I. Draelants, J.-Ch. Coulon et E. Abate, Aubervilliers, Campus Condorcet.

– juin 2021 (dates à préciser), Dijon, Université de Bourgogne, Congrès de la Semen-L « Latin et grec au Moyen Âge et à la Renaissance », org. S. Laigneau-Fontaine (sylvie.laigneau-fontaine@sfr.fr) et E. Oudot

– 4 juin 2021, Université de Picardie Jules Verne – Amiens, Journée scientifique du Congrès de l’Aplaès,  » Imitation des modèles et intertextualité(s) de la Grèce ancienne à la Renaissance humaniste », org. L. Boulègue, M. Brouillet, N. Catellani, L. Claire, contact laurence.boulegue@u-picardie.fr

– 15-16 juin 2021, « Remembratio codicum. Manuscrits fragmentaires de chant reconstruits », org. J.-Fr. Goudesenne, G. Kagan(IRHT) et M.-É. Gautier (Bibliothèque municipale, Angers), Archives départementales, Angers et Tours.

– 21-23 octobre 2021, Colloque Pédagogies de la Renaissance et supports de l’écrit, org. Lucie Claire, Martine Furno, Anne-Hélène Klinger-Dollé et Laurent Naas, Sélestat, Bibliothèque humaniste.

Projets

– ARC Schol’Art : Les théories modernes des lettres et des arts à la lumière de la seconde scolastique (France-Italie, 1500-1700). Université de Louvain-la-Neuve – Gemca. Promoteurs : A. Guiderdoni, R. Dekoninck, A. Smeesters.

Projet Bordeaux

Burgundia humanistica : Les écrivains bourguignons qui écrivent en latin et/ou en grec aux XVIe et XVIIe siècles. Promotrice : S. Laigneau-Fontaine (Université de Dijon). Ce projet a reçu le soutien du Conseil Régional de Bourgogne, qui lui a attribué un financement et un contrat doctoral : Elena Ghiringhelli travaillera sous la direction de S. Laigneau-Fontaine et celle de Valérie Wampfler sur la Continuation des Fastes d’Ovide par le Dijonnais Claude-Barthélemy Morisot (1649). Plusieurs travaux actuellement en cours appartiennent par ailleurs à ce projet, par exemple l’édition, traduction, commentaire de la Gigantomachie de l’Autunois Jacques Guijon (1658). Le corpus est immense et varié (textes de droit, de médecine, tumuli, éloges, correspondances, poésies diverses…) et toutes les bonnes volontés désirant participer au projet sont les bienvenues !

– projet CREAMYTHALEX : La réception de l’Antiquité grecque en Europe. Promotrice Catherine Gaullier-Bougassas Le projet a d’abord porté sur la figure d’Alexandre le Grand et les travaux permis par un financement ANR ont été publiés dans la collection « Alexander redivivus » créée durant ce projet chez Brepols (http://www.brepols.net/Pages/BrowseBySeries.aspx?TreeSeries=AR). Il s’est ensuite élargi à la réception de l’Antiquité grecque d’avant Alexandre. Une nouvelle collection a ainsi été créée chez Brepols: « Recherches sur les Réceptions de l’Antiquité », direction Catherine Gaullier-Bougassas

http://www.brepols.net/Pages/BrowseBySeries.aspx?TreeSeries=RRA&fbclid=IwAR0MNaU1ZLctpVqzbXIpFzeYEz0c_mIwGFpe1WpVLK7vDUMGOZCVMnYlflQ

Deux journées d’étude sont prévues en 2021, l’une sur les représentations de l’espace grec antique, l’autre sur les écritures mythologiques. Les dates ne sont pas encore fixées en raison de la crise. Contact pour les collègues intéressés par le projet : catherine-bougassas@orange.fr)..fr

Le Siècle des vérolés. La Renaissance européenne face à la syphilis, anthologie dirigée par A. Bayle, avec la collaboration de B. Gauvin, Grenoble, Jérôme Millon, « Mémoires du corps », 2019 (Anne Bouscharain)

Le Siècle des vérolés. La Renaissance européenne face à la syphilis, anthologie dirigée par A. Bayle, avec la collaboration de B. Gauvin, Grenoble, Jérôme Millon, « Mémoires du corps », 2019, 384 p., 26€

Passionnante plongée au cœur d’une pandémie qui soudain déferle sur l’Europe humaniste, conjuguant en un ballet funèbre le sexe et la mort, rongeant les corps, corrodant l’imaginaire collectif, cette anthologie se compose d’une centaine de textes qui évoquent l’apparition terrifiante de la vérole à la fin du XVe siècle. Organisée autour de douze chapitres thématiques, elle permet d’appréhender les enjeux de la découverte de ce nouveau mal, tant sur le plan scientifique et médical, que d’un point de vue plus intime, personnel. Elle éclaire l’influence prépondérante de ce mal sur les représentations idéologiques, politiques, morales et sur la littérature. Les extraits sélectionnés, composés entre 1495 et 1623 et souvent inédits, sont des traductions françaises originales d’œuvres écrites en latin, italien, espagnol, portugais ou anglais ; quant aux textes français du XVIe siècle, ils sont présentés dans une orthographe modernisée.

À travers une riche diversité d’auteurs, de pays et d’époques, cet ouvrage montre la profonde difficulté que les hommes de la Renaissance ont éprouvée à décrire et comprendre un mal jusqu’alors inconnu et devenu en quelques années un fléau universel, signe d’opprobre et de souffrance. Se jouant des frontières géographiques et des genres littéraires, la vérole se trouve ainsi au centre de la réflexion contemporaine et s’invite dans le discours des lettrés et savants, qu’ils soient médecins, historiens, voyageurs, moralistes, théologiens ou encore poètes. Car, au-delà du savoir scientifique proprement dit, cette anthologie cherche surtout à éclairer quelle image de la maladie se forge dans les œuvres littéraires contemporaines, à travers les tout premiers témoignages qu’elle suscite.

De nombreux textes reviennent sur l’étonnante variété des noms attribués à la vérole et sur la conséquence de cet embarras à nommer, la difficile constitution d’un savoir autour de l’origine, des causes, des symptômes et des remèdes à donner au mal. Très vite la vérole suscite une prise de position idéologique : réprobation, soupçon, discrimination deviennent alors le lot des malades, pestiférés d’un genre nouveau qui cristallisent la grande peur de leurs contemporains. D’autres textes prennent pour objet le portrait du corps souffrant, faisant du vérolé un type littéraire, pathétique ou grotesque. Au-delà de l’apparence physique, ce sont aussi les relations sociales que la vérole transforme totalement : la maladie, associée à l’intempérance sexuelle, fait honte, elle provoque suspicion mise au ban, elle devient l’accusation et l’injure par excellence dans la satire. La fin de l’anthologie explore par ailleurs le pouvoir créateur de la maladie à travers la fiction, en montrant combien invention et écriture permettent d’une certaine manière de conjurer la maladie et de s’en affranchir.

Anne Bouscharain

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 46-47).

À la recherche d’un signe perdu : Jean-Baptiste de La Brosse, S.J., Éléments de la langue montagnaise (1768). édition du texte latin de Jean-François Cottier et commentaire linguistique de Renée Lambert- Brétière, Neuville sur Saône, Editions Chemins de tr@verse, Chartae neolatinae, 2018 (Virginie Leroux)

À la recherche d’un signe perdu : Jean-Baptiste de La Brosse, S.J., Éléments de la langue montagnaise (1768), édition du texte latin de Jean-François Cottier et commentaire linguistique de Renée Lambert- Brétière, Neuville sur Saône, Editions Chemins de tr@verse, Chartae neolatinae, 2018, 304 p.

L’ouvrage constitue la première édition, avec traduction française et commentaire linguistique, des Éléments de grammaire montagnaise, rédigés en 1768 par le père jésuite Jean-Baptiste de La Brosse. Missionnaire au Canada à partir de 1754, il se consacra à l’évangélisation et à l’instruction des Innus de 1766 jusqu’à sa mort en 1782. Parmi les Européens qui abordèrent le Nouveau Monde, les Jésuites ont davantage pris en compte la langue de leurs destinataires et ont compris la nécessité d’en avoir une connaissance approfondie en vue de leur conversion. Rédigée en latin, langue de l’Église et de la formation humaniste, mais aussi langue d’usage des élites cultivées qui l’utilisaient pour leurs travaux historiographiques, linguistiques et scientifiques, la grammaire du père de La Brosse témoigne des efforts de description des langues amérindiennes du XVIIIe siècle, qui portèrent à la fois sur les langues algonquiennes (Abénaki et Montagnais) et sur les langues iroquoises. Elle s’inscrit, par ailleurs, dans un mouvement plus général de « linguistique missionnaire » dont les fondements théoriques reposent sur la croyance de l’époque dans un langage mental originel dont la rationalité persistait, mais de manière fragmentée, dans la variété des langues de l’après-Babel. La Brosse utilise ainsi le modèle de la langue latine pour décrire l’innu : c’est ainsi qu’il s’efforce de lui appliquer la division traditionnelle en huit parties (noms, pronoms, verbes, participes, prépositions, adverbes, interjections, conjonctions) ou le système des cas indo-européens (chapitre 2, 7-12) alors que ces catégories ne correspondent pas à la réalité linguistique de l’innu. L’analyse révèle cependant que le père de La Brosse a conscience des particularités propres aux langues amérindiennes et tâche de rendre compte le plus exactement possible de la langue de l’autre. Témoignage unique sur l’état de cette langue nomade au XVIIIe siècle, cet ouvrage passionnant intéressera autant les spécialistes de linguistique autochtone que les latinistes et, plus généralement, tous ceux qui sont curieux de l’histoire de la Nouvelle-France.

Virginie Leroux (EPHE, PSL)

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 46).