Fabrique du scandale et rivalités mémorielles en France et en Europe (1550-1697)

Violaine Giacomotto-Charra a le plaisir de vous annoncer la parution du 2e volume de la collection « Savoirs humanistes », sur la plateforme des presses universitaires aquitaines en ligne, Un@ éditions, un bel ouvrage dirigé par Blandine Perona, Isabelle Moreau et Enrica Zanin et intitulé Fabrique du scandale et rivalités mémorielles en France et en Europe (1550-1697).

En voici le résumé:

« En 1550, la notion théologique de « scandale » est mise en avant par le traité Des scandales de Calvin. Le réformateur invite ses coreligionnaires à ne pas avoir peur du scandale, à ne pas se préoccuper de la fama. Le présent ouvrage montre, à travers l’étude de cette notion, combien les conflits confessionnels de cette époque sont en effet une bataille de réputation et deviennent même une bataille de la mémoire, non sans conséquence sur l’écriture de l’histoire. Réformés et catholiques essaient d’imposer leur récit.

Le scandale est une arme polémique essentielle dans les deux camps, au centre d’une guerre de libelles qui fait advenir un « espace public » déchiré. À une fabrique théologique du scandale, succède alors une fabrique juridique du scandale qui permet progressivement au pouvoir monarchique de reprendre la maîtrise de cet espace public. Ce livre analyse ainsi la genèse du scandale dans son sens moderne, à savoir un événement construit par un récit « médiatique » et instrumentalisé politiquement qui met en crise les normes et valeurs fondamentales d’une société, parce qu’il rend compte d’actes ou de propos qui les transgressent ».

Selon le principe de la collection, l’ouvrage est en accès libre (lecture et téléchargement) et sa bibliographie déjà traitée en zotéro. Vous le trouverez à l’adresse suivante :

Fabrique du scandale et rivalités mémorielles en France et en Europe (1550-1697)


Le prochain volume est annoncé, il s’agira d’une monographie que Dominique Fratani a tirée de son inédit d’HDR sur la correspondance de Bernado Tasso : Virtù et Servitù : Bernardo Tasso ou les tribulations d’un humaniste du XVIe siècle.

Summary in English

In 1550, the theological notion of “scandal” was put forward in Calvin’s treatise Concerning Scandals. The reformer invited his coreligionists not to be afraid of scandal and not to concern themselves with fama. Focusing on the notion of scandal, the present study demonstrates the role of reputation in interdenominational conflicts. The Protestant-Catholic conflicts become a battle of conflicting memories. As Catholics and Protestants fight to impose their own narratives, it impacts the writing of history. Scandal, thus, is crucial on both sides; it constitutes a polemical tool in a war fought with the pen and the press where libels are tearing apart the nascent ‘public space’. Following its theological making, the legal making of scandal then gradually allows the monarchy to regain control of its torn ‘public space’. This book thus analyses the emerging of scandal in its modern understanding: an event constructed as a narrative through media coverage for political purposes, which brings into crisis the common basic standards and values of a society due to the transgressive nature of the acts or words it accounts for.

Boulègue, L., Perrin, M., Veyrard-Cosme, Chr., Ascèse et ascétisme de l’Antiquité tardive à la Renaissance. Traditions et remises en causes, Paris, Classiques Garnier, 2021 (Jordi Pià-Comella)

Boulègue, L., Perrin, M., Veyrard-Cosme, Chr., Ascèse et ascétisme de l’Antiquité tardive à la Renaissance. Traditions et remises en causes, Paris, Classiques Garnier, 2021, 412 pages.

Les notions d’ascèse et d’ascétisme suscitent un regain d’intérêt, depuis notamment en France les célèbres études de P. Hadot, Exercices spirituels, et de M. Foucault, L’herméneutique du sujet. Les travaux rassemblés par L. Boulègue, Ch. Cosme et M. Perrin comblent une lacune majeure : ils offrent la première synthèse des théories et pratiques de l’ascèse de l’Antiquité tardive à la Renaissance jusqu’à la Contre-Réforme.

La tension, bien contextualisée dans l’introduction de l’ouvrage, entre le caractère mouvant des notions d’ascèse et d’ascétisme au cours du temps, et leur unité – on retrouve d’une époque à l’autre des motifs communs – a conduit logiquement les auteurs à opter pour une étude thématique en trois temps : d’abord, les théories et pratiques de l’ascèse ; ensuite, les écritures de l’ascèse ; enfin les figures de l’ascèse. Suivent une très riche bibliographie, deux indices des auteurs/ artistes et biblique, les résumés, ainsi qu’une table des figures. Les mérites de l’ouvrage sont multiples. D’abord, le livre apporte une profondeur diachronique inédite aux notions d’ascèse et d’ascétisme. On saisit beaucoup mieux, par exemple, tout ce que la poésie amoureuse et érotique d’un Pétrarque et d’un Ronsard doit au topos hiéronymien de l’ascète solitaire. Ensuite, le livre aborde le problème en couvrant un champ considérable de disciplines : de la littérature tardo-antique à la poésie médicale du XVe siècle, en passant par la patristique, la littérature mérovingienne, l’épistolaire érasmien, la philosophie humaniste, l’hermétisme ou l’architecture flamboyante d’un Jean de Felin. Le pari pluridisciplinaire est réussi : il nous permet, par exemple, de comprendre que la figuration de l’ascèse ne s’incarne pas simplement dans des personnes mais qu’elle peut aussi s’exprimer dans l’art monumental du XVIe siècle. Or, loin de sombrer dans la dispersion, Ascèse et ascétisme présente une cohérence forte : le choix des thèmes traités fait ressortir les permanences de certains motifs tout en en épousant les variations au fil du temps, d’un genre à l’autre, selon les sensibilités religieuses, idéologiques et esthétiques de chacun. Qu’il s’agisse de l’aspiration à la transcendance, qui passe souvent par le rejet de toutes les tentations terrestres, de l’opposition entre repli sur soi et ouverture aux autres, du choix entre une ligne dure de l’ascèse et une ligne modérée, ou bien de l’opposition entre simplicitas et exhibition. Tous ces motifs parcourent l’ensemble des articles, donnant une unité puissante, jamais rigide, au tout. Dans sa très belle préface au livre, M. Aurell résume l’esprit qui anime d’un bout à l’autre Ascèse et ascétisme : « L’ascèse prend ainsi de nouveaux visages. Quoi qu’il en soit de ses mutations, elle préside, aujourd’hui comme hier, au travail intellectuel de qualité, mais plus encore au dépassement personnel en quête d’un idéal supérieur ».

Jordi Pià-Comella Sorbonne-Nouvelle (CERAM ED 173) IUF

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°19 (2021) de la SEMEN-L (p. 76-77).

Jacob Balde, Jephtas tragoedia, La fille de Jephté, tragédie, édition de Dominique Gérard-Millet, Classiques Garnier, coll. Bibliothèque du XVIIe siècle, n°35, Paris, 2020

Jacob Balde, Jephtas tragoedia, La fille de Jephté, tragédie, édition de Dominique Gérard-Millet, Classiques Garnier, coll. Bibliothèque du XVIIe siècle, n°35, Paris, 2020, 668 p., 58 €

Jacob Balde (1604-1668), jésuite allemand, composa la tragédie La Fille de Jephté, jouée en 1637 et imprimée en 1654. Ce texte en vers latins, cousu de réminiscences antiques, constitue un étonnant instrument pédagogique et un manifeste de l’exégèse figurative revivifiée par la Contre-Réforme.

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°18 (2020) de la SEMEN-L (p. 60).

Jean-Baptiste Santeul, Œuvre poétique complète, édition de Guillaume Bonnet, Paris, Classiques Garnier, 2019 (Virginie Leroux)

Jean-Baptiste Santeul, Œuvre poétique complète, édition de Guillaume Bonnet, Paris, Classiques Garnier, 2019, 2 tomes, 1720 p.

Jean-Baptiste Santeul (1630-1697) connut une grande notoriété durant le règne de Louis XIV comme poète français d’expression latine. La Bruyère le dépeignit en Théodas (Des jugements, 56), personnage fantasque et multiple, mais doté d’un grand génie : « Quelle élévation ! Quelles images ! Quelle latinité ! ». Une riche introduction fait le point sur son parcours, analyse le baroquisme de son œuvre – qui n’est pas sans évoquer Corneille, avec lequel Santeul entretenait une relation d’estime et d’émulation, étudiée dans l’annexe V – et nous fait entrer dans l’atelier du poète grâce aux nombreux documents qui témoignent des modalités de composition et de correction de certains poèmes. Les choix éditoriaux de Guillaume Bonnet sont exposés à la fin de l’introduction et développés dans un riche appendice critique (annexe III, p. 1577-1657). S’appuyant sur les éditions posthumes de 1698 et de 1729, il les a complétées en ajoutant d’autres textes de Santeul imprimés, mais non publiés sous son nom jusqu’à aujourd’hui. S’il adopte généralement la version la plus récente des poèmes dans l’idée que le poète revoyait ses productions, il a parfois préféré préserver des unités comme Les Chantilliennes dans leur premier jet. Le classement des pièces n’est pas strictement chronologique mais quatre périodes sont distinguées : la première section correspond à la jeunesse du poète et se clôt avec la première édition groupée de ses œuvres en 1670. On y relève la fameuse « Bulle » ou « Métamorphose d’une larme de Phyllis, transformée d’abord en bulle, puis en étoile » (p. 74-91). La seconde section, qui correspond aux poèmes de la maturité (1670- 1690), comprend notamment les poèmes destinés au roi, à la maison de Condé, aux grands familles parlementaires et aux monuments de la ville de Paris, dont Santeul est le poète officiel. La troisième section, pourvue d’une introduction propre, regroupe les hymnes qui ont fait le succès du poète. Dans les années 1675, Santeul fut, en effet, sollicité lorsque prit corps dans l’église de France, de plus en plus tentée par une émancipation gallicane, le souhait de réviser le bréviaire que la Contre-Réforme avait laissé incomplet. Présentes dans de nombreux bréviaires, certaines de ses hymnes ne furent abandonnées qu’au milieu du XIXe siècle. La quatrième section rassemble les productions des dernières années du poète, toutes de combats et de désillusions. La limpidité et l’élégance de la traduction française, la richesse de l’annotation et les nombreuses annexes permettent de prendre la mesure du talent de Santeul et de l’intérêt de sa production poétique, ancrée dans les querelles politiques, religieuses et littéraires de l’époque.

Virginie Leroux (EPHE, PSL)

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 47).

Colloques 2005

Liste des colloques organisés à propos du latin médiéval et du néo-latin en 2005.

– 19 Février 2005, Paris : La lettre comme miroir de l’amitié dans l’Antiquité, au Moyen-Âge et à la Renaissance, Journée d’études n°1 organisée par l’Equipe « Traditions romaines », resp. P. Galandhallyn et C. Lévy.

– 12 mars 2005, Paris : Le fondement de la « société des amis » dans l’Antiquité et à la Renaissance : savoir et plaisir, Journée d’études n°2 organisée par l’Equipe « Traditions romaines », resp. P. Galand-hallyn et C. Lévy.

– 25-26 mars 2005, Paris : Certitude et incertitude à la Renaissance, Sorbonne, org. Marie-Thérèse Jones-Davies, appel à communication / rens. : M.-Th. Jones-Davies.

– 6-7 avril 2005, Florence : I conti con Petrarca, voir le site: http://www.unifi.it/eventi/franciscus/index.htm .

– 12-14 avril 2005, Clermont-Ferrand : Les mythes classiques dans la littérature néo-latine, colloque de la S.F.E.N.L., en hommage à M. et Mme Guy et Geneviève Demerson. Il reste possible de proposer un sujet touchant au thème de ses propres recherches. Titres des communications à envoyer avant le 1er décembre 2004.

– 15 avril 2005 (9h-17h30), Paris : Journée d’études Éléments naturels, paysage et subjectivité dans le monde hispanique de la première modernité, École Nationale des Chartes (Grande Salle), org. Dominique de Courcelles, Centre National de la Recherche Scientifique (UMR 5037- CERPHI)- Collège International de Philosophie.

– 14 mai 2005, Paris : L’amicitia dans l’Antiquité et à la Renaissance: codes sociaux et politiques, Journée d’études n°3 organisée par l’Equipe « Traditions romaines », resp. P. Galand-hallyn et C. Lévy.

– 20-21 mai 2005, Tours : Humanisme et évangélisme entre Réforme et Contre- Réforme: Antonio Brucioli, CESR, org. E. Boillet, Rens. : http://www.cesr.univ-tours.fr .

– 26-28 mai 2005, Tours : Vie philosophique et Vies de philosophes, CESR, org. B. Clément et C. Trottmann, Rens. : http://www.cesr.univ-tours.fr .

– 10-11 juin 2005, Saluzzo (I) : Griselda : un mito per l’Europa, Castello della Manta.

– 11 juin 2005, Paris : Théories humanistes sur le lyrisme : lectures françaises et latines d’Horace à la Renaissance, Journée d’études n°4, organisée par le Centre Politien, l’équipe « Traditions romaines » de Paris IV et l’équipe « Traditions Antiques et Modernités » (TAM) de Paris VII.

– 18 juin 2005, Paris : Autour du De amicitia de Cicéron, journée d’études n°5, organisée par le Centre Pierre Boyancé (Equipe « Traditions romaines » de Paris IV).

– 24-25 juin 2005, Lyon : La dénomination des savoirs en français préclassique (1500-1650), CELL ISH, U. de Lyon II, resp. Marthe Paquant, Volker Mecking, Philippe Selosse.

– 26-29 juin 2005, Genga (I) : XVIe Seminario di alta cultura La Georgica dall’antichità all’umanesimo.

– 27 juin-1er juillet 2005, Tours : XLVIIIe Colloque International d’Etudes Humanistes Les machines à la Renaissance, CESR, org. P. Brioist.

– 29 juin-2 juillet 2005, Fabriano-Sassoferrato (I), XXVIe Congresso internazionale di studi umanistici (con la celebrazione del centenario di Gentile da Fabriano), rens. : J.-L. Charlet.

– 18-21 juillet 2005, Chianciano-Pienza : colloque sur Enea Silvio Piccolomini, Pio II umanista europeo, Istituto di Studi Umanistici Francesco Petrarca. Org. Luisa Secchi Tarugi.
– 31 août – 4 septembre 2005, Debrecen (Hongrie) : Hercules neolatinus : compita culturarum humanitatumque in mundo neolatino.

– 8, 9 et 10 Septembre 2005 (dates prévues), Lyon : L’énigmatique à la Renaissance: formes, significations, esthétique, colloque organisé par l’Association Renaissance, Humanisme, Réforme (RHR). Esquisse de la problématique : Il paraît souhaitable d’ouvrir un champ d’investigations très large, et surtout étranger aux démarcations traditionnelles entre disciplines (car la question a trait à la philosophie et à l’exégèse aussi bien qu’à la littérature et aux arts, aux savoirs et langages ésotériques aussi bien qu’aux jeux de société) mais selon une visée assez précise pour que l’objet ne devienne pas protéiforme et finalement trop flou pour donner lieu à une véritable recherche.
A cette fin, il est proposé que, par convention, le colloque ait trait non pas à ce qui est énigmatique (car tout, ou presque, peut être considéré comme tel), mais à ce qui est donné pour énigmatique dans les oeuvres littéraires, picturales, plastiques, philosophiques, théologiques ou scientifiques de la Renaissance, et dans les pratiques culturelles qui s’y rapportent. A quoi pourrait être ajouté ce qui a été notoirement tenu pour tel par le public de la même époque (du milieu du XVe au début du XVIIe siècle) dans les oeuvres qui lui étaient alors présentées.

– 9-11 septembre 2005, Cambridge : Annual Symposium of the Cambridge Society for Neo-Latin Studies: Pastoral in the novel, theatre, commentary, pedagogy, poetry, translation, court entertainments, Clare College, org. The Cambridge Society for Neo-Latin Studies.

– 23 septembre 2005, Tours : Voir et expliquer les machines à la Renaissance, CESR, org. J. Vons, Rens.: http://www.cesr.univ-tours.fr .

– 21-23 septembre 2005, Metz : Le registre sapiential, colloque international, Université de Metz., org. Jean-François P. Bonnot, Sylvie Freyermuth.

– 18 oct. 2005, Verona (Palazzo Giuliari) : Journée François Secret – Les Muses secrètes: Kabbale, alchimie et littérature à la Renaissance, organisé par le Gruppo di Studio sul Cinquecento Francese.

– 3-4 nov. 2005, Paris (Paris XII et ENS-Ulm) : deux journées d’études sur La figure de Médée de l’antiquité à l’époque moderne, organisées par C. Guérin, B. Cuny et A. Berra. La première journée aura lieu le 3 novembre à Paris XII, la seconde le 4 à l’ENS, rue d’Ulm. Rens.: http://www.eleves.ens.fr/home/chguerin/medee.html .

– 17-18 nov. 2005, Nantes (salle du Pôle étudiant de la Faculté des Lettres): Colloque La pensée scientifique de Gerolamo Cardano, Université de Nantes (Equipe « Modernité de l’Antique » ; UFR Lettres et langages ; Département de Lettres anciennes), organisé par Jean-Yves Boriaud.

– 30 novembre-3 décembre 2005, Gand : Quintilien, antique et moderne, Université de Gand, org. E. Bury, P. Galand-Hallyn, F. Goyet, F. Hallyn, C. Lévy.

– 24-26 novembre 2005, Nancy : Mémoire-Récit-Histoire dans l’Europe des XVIe et XVIIe siècles, Université de Nancy 2 (Equipe Romania), org. M. Miranda et M. Sol Ortola.

– 2-3 décembre 2005, Paris : Colloque Entre Moyen Âge et Renaissance, Regards croisés sur Jules César, Université de Paris VII (Equipe Traditions Antiques et Modernités), org. B. Méniel et B. Ribémont.