Jean-Yves Tilliette, Littérature latine du moyen âge. Les jeux d’une langue poétique

Nous avons le plaisir de vous informer de la parution, le 28 mai 2024, aux éditions Honoré Champion, d’un ouvrage de Jean-Yves Tilliette, Littérature latine du Moyen Âge. Les jeux d’une langue poétique, dans la collection « Essais sur le Moyen Âge ».

Lien vers le site de Champion : https://www.honorechampion.com/fr/editions-honore-champion/13043-book-08536090-9782745360908.html

En voici la présentation :

Les seize études recueillies dans ce volume entreprennent d’explorer certaines des contrées qui composent un continent aujourd’hui oublié de notre ancienne littérature : la poésie latine du Moyen Âge. Elles entendent le faire en adoptant le point de vue de la critique littéraire tout autant que celui de l’analyse philologique et historique. Car la langue savante ne s’est pas alors cantonnée aux usages de la pratique documentaire et de la philosophie scolastique. Elle est aussi créatrice généreuse de formes et de récits. Elle a même d’autant plus vocation à s’incarner sous les espèces de la littérature qu’elle n’est plus langue naturelle. Dès lors, elle peut cultiver en toute liberté les effets du « second degré » et entretenir un dialogue fécond et souvent plein d’esprit, tantôt drôle tantôt sérieux, avec l’œuvre des grands anciens, Virgile ou Ovide, et les témoins les plus brillants des jeunes littératures vernaculaires, poèmes des troubadours ou Roman de Renart. Voilà les jeux de paroles et de sens que l’on s’efforce d’illustrer ici d’exemples variés.

Jean-Yves Tilliette, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles- Lettres, a été professeur de langue et de littérature latines du Moyen Âge à l’Université de Genève de 1990 à 2019. Ses recherches portent principalement sur la poésie latine du Moyen Âge central (XIe-XIIIe siècle) étudiée sous l’angle de son fonctionnement rhétorique et de l’adaptation des modèles classiques au contexte social et religieux du temps. C’est dans cet esprit qu’il a édité l’œuvre poétique complète de Baudri de Bourgueil (1998-2002), analysé la Pœtria nova de Geoffroy de Vinsauf (2000), et commenté et traduit l’Alexandréide de Gautier de Châtillon (2022).

TABLE DES MATIERES

https://www.honorechampion.com/fr/index.php?controller=attachment&id_attachment=2691

*

Jean-Yves Tilliette est aussi l’auteur d’un ouvrage paru chez Droz plus tôt cette année, dans la collection « Recherches et rencontres » : La saveur des mots. Essais sur l’art d’écrire au Moyen Âge.

Colloques, congrès et programme de recherche 2022-2023

  • 22-24 septembre 2022, Prague, Charles University : « Medialatinitas IX : Nostalgia in/and the Middle Ages», IXe Congrès international de latin médiéval. Contact : lucie.dolezalova@ff.cuni.cz
  • 28 septembre 2022 (13h45-18h), Bordeaux, Musée d’Aquitaine : « Une histoire d’absence ou un siècle oublié ? Témoigner des Juifs dans la France prémoderne », org. par Chayes (IRHT)
  • 28-30 septembre 2022, Bari, Università degli studi di Bari : « Percorsi di filologia italiana », journée des doctorants et des docteurs, par la Società dei Filologi della Letteratura italiana. Contact : societadeifilologi@gmail.com
  • 4 octobre-12 novembre 2022, Bordeaux, Université Bordeaux Montaigne : « Moi(s) Montaigne », 5e édition : « Montaigne à Bordeaux, Montaigne et Bordeaux », manifestation org. par le Centre Montaigne. Contact : LeMoisMontaigne@u-bordeaux-montaigne.fr. Programme complet : http://centre- huma-num.fr
  • 7 octobre, Paris, Sorbonne (EPHE, Salle Delamarre) : « Sens interdit(s). Autour du Livre de Gomorrhe de Pierre Damien (1051) », par J.-F. Cottier (Université de Paris VII) et C. Giraud (Université de Genève/Ephe-PSL). Contact : jffcottier@gmail.com
  • 13-14 octobre 2022, Paris, Bibliothèque Sainte-Barbe : « Créer une mémoire des passés antiques », Journées d’étude par C. Gaullier-Bougassas dans le cadre du projet ERC AGRELITA. Contact : catherine.bougassas@univ-lille.fr
  • 18-19 octobre 2022 (10h-18h), Avranches, Bibliothèque, Scriptorial : « Apports de la musicologie médiévale à la valorisation muséographique du Scriptorial d’Avranches », org. par B. Étienne (Bibliothèque d’Avranches), -Fr. Goudesenne (IRHT), B. Jehan (Musée d’Avranches) et X. Terrasa (Musée de Chartres)
  • 14-16 novembre 2022, Strasbourg : « Pourquoi traduire ? La traduction et ses enjeux de l’Antiquité gréco- romaine à l’âge classique », org. Chapot, B. Guion, A. Molinié-ARBO, J.-L. Vix
  • 28-29 novembre 2022 (9h-18h), Naples, Complexe monumental de San Lorenzo Maggiore : « Devotional practices, pilgrimage activities and space organization in Early Medieval monasteries (5th-10th centuries) », par D. Ferraiuolo (IRHT)
  • 1-2 décembre 2022, Créteil, UPEC : « “Reverence de l’antiquaille” et créativité : les diverses formes de la transmission du patrimoine textuel antique à la Renaissance », Colloque international org. par N. Le Cadet. Contact : lecadet@u-pec.fr
  • 5 décembre 2022 (9h- 18h), Paris : « Traductions monastiques du Nord-Est de l’espace d’oïl au XIIe siècle », org. par Zinelli (EPHE, PSL) et P.A. Martina (IRHT)
  • 13-14 décembre 2022, Aix en Provence, MSH : « Construire l’église-monument par les (Ve-XIIe siècle) », colloque international dans le cadre du projet E-CCLESIA. Contact : amu.fr et andreas.hartmann-virnich@univ-amu.fr
  • 13 janvier 2023 (10h- 18h), Tours : « Instrumenta laboris et ‘companions’. Les aides à la lecture de la Bible (mss latins et grecs) », F. Barone (IRHT) et A. Perrot (univ. De Tours)
  • 2 février 2023, groupe RELICS : table ronde en ligne sur l’avenir des études du latin, org. E. Paillard (Université de Sydney / Universität Basel), S. Smets (Ludwig Boltzmann Institute for Neo – Latin Studies / University College London) et Wouters (Institut d’histoire et de culture des Pays-Bas). Contact : reliques@ugent.be.
  • 11 février 2023, Sorbonne Université (Maison de la recherche, rue Serpente, salle D223) : « Aux seuils des œuvres : réseaux et amitié à la Renaissance », Journée accessible en ligne, N. Souhait nicolas.souhait@sorbonne-universite.fr
  • 2-3 mars, Bordeaux : Aquitaniae latinae (HumanA – SEMEN-L), A. Bouscharain et V. Giacomotto- Charra
  • 6-7 mars 2023 (10h-18h), Orléans, Centre Augustin-Thierry : « Fragmentologie et remembrement de livres liturgiques notés », org. par -Fr. Goudesenne et G. Kagan (IRHT)
  • 9-11 mars 2023, San Juan, Puerto Rico : congrès annuel de la Renaissance Society of
  • 31 mars 2023, 14h, Université de Caen, amphi MRSH, « Prima sedes a nemine judicatur – Nul ne peut juger le premier siège » : entre impiété, immunité et sainteté, la figure controversée de saint Marcellin, pape et martyr (296-404) », séminaire par C. Jacquemard, B. Gauvin (Unicaen, CRAHAM)
  • 15 avril 2023, Sorbonne Université (Maison de la recherche, rue Serpente, salle D323) : Société d’Études Médio- et Néo-Latines (SEMEN-L), IVe journée des jeunes chercheuses et chercheurs, org. J. Maudoux, P. Mourgues et Pinguet
  • 24-25 avril 2023, Lyon, Université Jean Moulin-Lyon III : « Citer les Anciens à la Renaissance. La citation et  la      fabrique      de      l’Antiquité       dans       les       éditions       des       textes       Analyse et exploration numérique », colloque organisé dans le cadre de l’ANR « IThAC » (L’invention du théâtre antique) par HiSoMA UMR 5189 Axe B Cultures anciennes et temporalités. Contact : sarah.gaucher@univ-lyon3.fr
  • 28-29 avril 2023, Strasbourg, Université de Strasbourg (Palais Universitaire) et Sélestat (Bibliothèque Humaniste) : « La vie et l’œuvre du poète néo-latin Johann Sapidus de Sélestat (1490-1561) », colloque international par J. Hirstein et M. Jeannot-Tirole. Contact : hirstein@unistra.fr
  • 17-21 mai 2023, Cerisy-la-Salle : « 1023-2023 : le Mont Saint-Michel en Normandie et en Europe », colloque par F. Paquet, M. Labatut et Ch. Maneuvrier
  • 12-14 juin 2023, Fribourg, Université de Fribourg : « S’affranchir des frontières. Temps, espaces, acteurs, 1400-1630 », colloque inaugural de l’Institut fribourgeois d’étude de la Renaissance et de l’époque moderne (IFR). Contact : renaissance@unifr.ch
  • 14 juin 2023 (10h-17h30), Campus Condorcet : « Les textes et les manuscrits du .. pour le plaisir », Journée thématique de l’IRHT, org. par S. Barret, J. Frońska et M.-L. Savoye (IRHT)
  • 15-16 juin 2023, École supérieure de journalisme de Lille, « L’invention d’origines grecques dans les cultures textuelles et visuelles de l’Europe pré-moderne (1100-1600) », org. C. Gaullier-Bougassas (ERC AGRELITA)
  • 3-6 juillet 2023, Leeds : « Networks and entanglements between centre and periphery in late Middle Ages. Italians and ultramontanes », International Medieval Congress, org. par A.Horeczy, Institute of History, Polish Academy of Contact: ahoreczy@ihpan.edu.pl
  • 12-14 juillet 2023, Kiel : « The Poetics of Things Past. Transmission of Knowledge in Verse in Antiquity and Early Modern Times », org. Elisabeth Schwab et S. Feddern.
  • 26-27 octobre 2023, Nantes, Nantes Université : « Sens et contresens », colloque international org. C. Lombez et                          Méniel.  Information : https://www.fabula.org/bo/suggestion- actualite.html?code=904dec0149c5d55ea03d6469ba2dfb18f9030b71

Projets de recherche :

  • « Burgundia humanistica » : programme dirigé par S. Laigneau-Fontaine, sur les humanistes bourgui- gnons (XVIe et XVIIe siècles). Projet soutenu par le Conseil Régional de Bourgogne, par un finance- ment et un contrat doctoral (Elena Ghiringhelli, la Continuation des Fastes d’Ovide par le Dijonnais Claude-Barthélemy Morisot (1649), éidtion, traduction, commentaire du livre VII, sous la dir. de S. Lai- gneau-Fontaine, Dijon, et Valérie Wampfler, u. Reims). Plusieurs travaux terminés ou actuellement en cours appartiennent à ce programme, par exemple la publication par N. Istasse de Joannes Ravisius Tex- tor, un régent humaniste à l’aube de la Renaissance française (Genève, Droz, 2020) ou l’édition, tra- duction, commentaire en cours de la Gigantomachie de l’Autunois Jacques Guijon (1658). Le corpus est immense et varié (textes de droit, de médecine, tumuli, éloges, correspondances, poésies diverses…). Contact : sylvie.laigneau-fontaine@u-bourgogne.fr.
  • « CREAMYTHALEX : La réception de l’Antiquité grecque en Europe ». Le projet a d’abord porté sur la figure d’Alexandre le Grand et les travaux permis par un financement ANR ont été publiés dans la collection « Alexander redivivus » créée durant ce projet chez Brepols (http://www.brepols.net/Pages/BrowseBySeries.aspx?TreeSeries=AR). Il s’est ensuite élargi à la récep- tion de l’Antiquité grecque d’avant Alexandre. Une nouvelle collection a ainsi été créée chez Brepols : « Recherches   sur    les    Réceptions   de    l’Antiquité »,   direction   Catherine   Gaullier-Bougassas (http://www.brepols.net/Pages/BrowseBySeries.aspx?TreeSeries=RRA&fbclid=IwAR0MNaU1ZLctpV qzbXIpFzeYEz0c_mIwGFpe1WpVLK7vDUMGOZCVMnYlflQ).             Contact             : catherine- bougassas@orange.fr).
  • « HumanA, Humanismes Aquitains / Humanisme Aujourd’hui en Nouvelle Aquitaine », programme de l’Université Bordeaux-Montaigne, Centre Montaigne, direction V. Giacomotto-Charra (https://centre- huma-num.fr).
  • « Humanistica Helvetica » : projet de recherche porté par l’Université Fribourg, Faculté des lettres et sciences humaines, Département de philologie classique (avril 2020-mars 2024). Ce projet a pour but de faire connaître la littérature latine humaniste du XVIe siècle en Suisse par le biais d’un portail Internet bilingue français-allemand (https://www.unifr.ch/go/humanistica-helvetica). Contact : da- amherdt@unifr.ch
  • « ITHAC » : projet de recherche ANR piloté par Malika Bastin-Hammou (Université de Grenoble) et mené en collaboration avec l’UMR HiSoMA (Lyon III) autour d’une équipe de 15 chercheurs membres de Litt&Arts et d’HiSoMA. L’ANR IThAC a pour objectif l’étude de la réception du théâtre antique dans l’Europe du XVIe à travers l’analyse du corpus des paratextes savants imprimés qui lui sont alors consacrés, et la mise à disposition de la communauté scientifique de la traduction de ce corpus en français, grâce à la construction d’une interface numérique évolutive. On fait l’hypothèse que la collecte, la traduction et l’analyse de ce corpus, longtemps négligé parce que difficilement accessible matérielle- ment et parce que très largement rédigé en latin, voire en grec, permettront de saisir à la fois comment le théâtre antique a été reçu et compris par ses « inventeurs » dans l’Europe du XVIe s., mais aussi com- ment les idées et les méthodes qu’ils véhiculent, à l’heure où s’inventaient aussi bien le théâtre moderne que la philologie, ont circulé et se sont développées grâce notamment à leur large diffusion rendue pos- sible par l’imprimé (https://ithac.hypotheses.org/).
  • « LiBer » : projet de recherche ANRsur la traduction de trois Décades de Tite-Live par Pierre Bersuire († 1362), l’Université Lumière Lyon 2 et le laboratoire CIHAM (Histoire, Archéologie, Littératures des Mondes Chrétiens et Musulmans Médiévaux), UMR 5648. Promoteurs : Marylène Possamaï et Cédric Contact : cedric.giraud@unige.ch
  • « Littératures, philosophie et histoire à l’Âge humaniste. Regards croisés sur les questions culturelles et sociales (XVe-XVIIe siècles) » : programme de recherche dans le cadre de l’Accord de collaboration cul- turelle et scientifique entre l’Université de Florence et l’Université de Picardie Jules Verne ». Direction L. Boulègue et G. Mastrorosa.
  • « Natale Conti, Mythologia (1567-1527) » : projet dirigé par Céline Bonhert à l’Université de Reims- Champagne-Ardennes. Les Mythologiae libri decem de Natale Conti, publiés pour la première fois à Venise en 1567, servirent d’ouvrage de référence dans toute l’Europe pendant plus de deux siècles : les étudiants, les artistes, les poètes, les librettistes d’opéra, les médecins, les philosophes et le public lettré de l’Europe des XVIe-XVIIIe siècles y puisèrent une connaissance encyclopédique sur les cultes et les croyances de l’Antiquité. Le site Natale Conti, Mythologia, 1567-1627 (https://eman- org/Mythologia/) présente l’édition numérique de quatre états de ce texte en mutation (Venise 1567, Francfort 1581, Lyon 1612 et Paris 1627) : plus qu’une œuvre, la Mythologie constitue un corpus foisonnant auquel collaborèrent éditeurs, correcteurs, traducteurs et graveurs. Le projet est en cours de réalisation et accueille volontiers de nouvelles participations. Contact : celine.bohnert@univ-reims.fr
  • « Relics » : le réseau international de recherche RELICS rassemble des chercheurs intéressés par le rôle dynamique du latin en tant que langue littéraire et culturelle européenne. RELICS est l’initiateur et le coordinateur d’un réseau de recherche scientifique plus vaste appelé « Littératures sans frontières. Une étude historique – comparative de la transnationalité littéraire prémoderne ». Ce projet collaboratif se concentre sur les littératures prémodernes après l’Antiquité à caractère transnational et dans les limites géographiques englobant l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l’Europe : latin, grec byzantin, Arabe et hébreu – Yiddish –
  • « Ricercar » : programme de recherche en musicologie créé par le Centre d’Études Supérieures de la Renaissance avec le concours de l’Université de Tours, du CNRS, et du Ministère de la Culture). Direc- tion Vendrix.

Lucie CLAIRE, Marc-Antoine Muret lecteur de Tacite. Éditer et commenter les Annales à la Renaissance, Genève, Droz, Travaux d’Humanisme et Renaissance n°DCXXXV2022 (Virginie Leroux)

Lucie CLAIRE, Marc-Antoine Muret lecteur de Tacite. Éditer et commenter les Annales à la Renaissance, Genève, Droz, Travaux d’Humanisme et Renaissance n°DCXXXV2022, 616 p. ISBN : 978-2-600-05860-5.

La critique universitaire a connu un très net regain d’intérêt à l’égard de Marc-Antoine Muret ces dernières années, prenant en compte tant la période parisienne, et notamment le recueil des Juvenilia, que la période italienne. En témoigne, entre autres études et éditions, le collectif Marc Antoine Muret, un humaniste français en Italie, éd. L. Bernard-Pradelle, C. de Buzon, J.-E. Girot et R. Mouren, Genève, Droz, 2020. Lucie Claire vient combler un manque en s’attachant aux travaux multiples que Muret a consacrés à Tacite : un cours sur les Annales, prononcé à l’université de Rome pendant deux années consécutives, en 1580-1581 et 1581-1582, des éditions du premier et du deuxième livres des Annales, quelques chapitres de ses miscellanées, les Variae Lectiones, et un commentaire publié de manière posthume. La leçon inaugurale qu’il prononça à Rome les 3 et 4 novembre 1580, propédeutique au cours tenu pendant deux années sur les Annales, avait déjà fait l’objet de traductions partielles, en français dans l’anthologie des Prosateurs latins en France au XVIe siècle et en anglais dans l’étude de Ronald Mellor et elle a donné lieu à des analyses stimulantes qui font de Muret un précurseur du tacitisme (Alain Michel, Eric MacPhail ou Beatriz Antón Martinez), qui précisent la place qu’occupe Muret dans les débats sur l’imitation de Cicéron (Morris W. Croll, Marc Fumaroli et Christian Mouchel) ou cherchent à identifier ce que la leçon d’introduction révèle de la pratique murétienne de l’enseignement de l’histoire au Studium Romanum (Paolo Renzi). Lucie Claire a le grand mérite d’avoir pris en compte l’ensemble de l’œuvre murétienne et notamment de nombreux documents manuscrits inédits pour la plupart d’entre eux, qui proviennent de la bibliothèque privée de l’humaniste. Grâce aux notes de lecture consignées dans les carnets de Muret et à ses exemplaires personnels annotés, elle reconstitue les étapes et les modalités de l’activité intellectuelle d’un célèbre professeur de la deuxième moitié du XVIe siècle européen et donne accès à une étape fondamentale dans la connaissance de l’historien latin.

Après un chapitre liminaire qui présente la tradition du corpus tacitéen de l’Antiquité à l’édition princeps, la première partie fait le point sur les études qui ont précédé les travaux de Muret, notamment l’édition princeps de Wendelin de Spire et celles de Francescus Puteolanus, Philippe Béroalde, Alessandro Minuziano et Beatus Rhenanus, puis les commentaires d’André Alciat, Beatus Rhenanus, Emilio Ferretti, et Giovanni Ferrerio ainsi que les premières traductions. Lucie Claire cherche à comprendre pourquoi Tacite a éveillé si tard l’intérêt des érudits de la Renaissance et pourquoi la diffusion savante de l’historien antique a été freinée et elle évalue la place de Tacite dans la tradition historiographique et pédagogique.

La seconde partie présente de façon très précise le corpus murétien dont certaines œuvres sont difficiles d’accès, comme les éditions des deux premiers livres des Annales et les volumes possédés par Muret, conservés à la Vaticane, à la Nationale Centrale de Rome ou à la Mazarine. Certains textes font l’objet d’une édition critique annotée et d’une traduction française : c’est le cas des chapitres concernant Tacite dans les Variae Lectiones ou de la leçon inaugurale de Muret dont Lucie Claire analyse la version autographe, contenue dans un manuscrit provenant de la bibliothèque de l’humaniste.

La troisième partie analyse la méthode de critique textuelle de Muret, son usage des arguments externes, son goût pour la conjecture, son attention à la uenustas du discours et aux usages tacitéens, sa conception polémique de la philologie et son intégration dans une sodalitas. Elle évalue sa contribution à l’amélioration du texte des Annales sur la base de cinquante corrections. Elle étudie ensuite la façon dont Muret réhabilite l’historien latin et réfute ses détracteurs en répondant notamment à l’accusation d’immoralité de son œuvre. Revendiquant l’originalité de Tacite dont il fait un modèle d’elegantia et un alter ego, il plaide pour une imitation souple des écrivains de l’autorité. Enfin, Lucie Claire dégage les lignes directrices de la réflexion de Muret sur la nature de l’histoire en lien avec l’émergence du tacitisme.

Suivent une analyse de la réception des travaux de Muret, notamment au sein de la Compagnie de Jésus ; une riche bibliographie et un précieux index, nominum et locorum.

Virginie Leroux

Source : Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°20 (décembre 2022) de la SEMEN-L (p. 43).

Échanges épistolaires autour de Pétrarque et Boccace. Sous la direction de Sabrina Ferrara. Editions Honoré Champion, collection Le Savoir de Mantice, n° 31, 2021. 456 p., broché, 15,5 x 23,5 cm. ISBN 978-2-7453-5738-0.

Échanges épistolaires autour de Pétrarque et Boccace. Sous la direction de Sabrina Ferrara. Editions Honoré Champion, collection Le Savoir de Mantice, n° 31, 2021. 456 p., broché, 15,5 x 23,5 cm. ISBN 978-2-7453-5738-0.

Les études recueillies dans ce volume constituent la synthèse des échanges, dans un esprit de dialogue humaniste, que certains parmi les plus éminents spécialistes de Pétrarque et de Boccace ont eus au Centre d’études supérieures de la Renaissance (CESR) de Tours en juin 2019. Le point de départ a été de vouloir faire le point sur les caractères et les rapports épistolaires entre les deux écrivains dont il nous reste un nombre inégal de missives, d’une tonalité fort hétérogène. Luca Marcozzi, Gabriella Albanese, Paolo Pontari, Marco Petoletti, Paolo Rigo et Marco Ariani se sont penchés sur ces aspects. À partir des deux auteurs, l’attention s’est naturellement déplacée vers leurs réseaux culturels, politiques mais aussi familiaux qui ont été explorés par Ilaria Tufano, Loredana Chines, Paolo Viti, Enrico Fenzi, Marco Cursi, Laura Regnicoli, Elsa Filosa, Igor Candido, Marco Veglia et Monica Berté.

La perspective résolument transversale, philologique, paléographique, littéraire et historique qui traverse ces études permet ainsi d’avoir une vision plus composite des relations entre les deux sodales par rapport au traditionnel aperçu Pétrarque magister/Boccace discipulus, et en même temps plus complète de leurs correspondants.

Source : Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°20 (décembre 2022) de la SEMEN-L (p. 44).

Bénévent, Christine, Menini Romain et Sanchi Luigi-Alberto (dir.), Les noces de Philologie et de Guillaume Budé. Un humaniste et son œuvre à la Renaissance, Paris, Ecole des Chartes, 2021

Bénévent, Christine, Menini Romain et Sanchi Luigi-Alberto (dir.), Les noces de Philologie et de Guillaume Budé. Un humaniste et son œuvre à la Renaissance, Paris, Ecole des Chartes, 2021, 592 p.

Au cours de son existence bien remplie, Guillaume Budé (1468- 1540) a conçu, publié, augmenté nombre d’œuvres dont la valeur littéraire et la portée scientifique ont profondément marqué son époque et la postérité, à l’égal de son contemporain Érasme. Or les productions de Budé restent aujourd’hui relativement méconnues, malgré un regain d’intérêt depuis le siècle dernier. Le présent volume a pour ambition de revenir, à la lumière des recherches les plus récentes, sur les différentes facettes d’une œuvre polycentrique, allant de l’essai historique novateur qu’est le De Asse et partibus ejus à la défense et illustration du grec, de l’exégèse des sources du droit romain aux recommandations politiques de l’Institution du prince, en passant par des considérations morales et religieuses disséminées dans les lettres, des digressions et des traités. À la convergence de plusieurs disciplines, il se propose d’identifier les parcours que Guillaume Budé a tracés, de cerner les passerelles entre les différents noyaux de son écriture, de reconstituer l’unité intellectuelle de son œuvre, à une époque où la diffusion du patrimoine écrit de l’Antiquité achevait sa première grande saison et ouvrait l’époque des études philologiques spécialisées.

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°19 (2021) de la SEMEN-L (p. 73).

Séris Emilie et Viti Paolo (dir.), Politien, humaniste aux sources de la modernité, Paris, Garnier, collection Rencontres n° 519, Série Lectures de la Renaissance latine, no 15, 2021

Séris Emilie et Viti Paolo (dir.), Politien, humaniste aux sources de la modernité, Paris, Garnier, collection Rencontres n° 519, Série Lectures de la Renaissance latine, no 15, 2021, 337 p.

Ange Politien a laissé une poésie raffinée, des travaux philologiques érudits, des commentaires philosophiques subtils et une riche correspondance. Des chercheurs italiens et français contribuent à mettre en lumière l’originalité d’une œuvre qui portait bien des germes de l’humanisme européen.

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°19 (2021) de la SEMEN-L (p. 72).

Princeps philologorum. L’autorité du philologue dans les éditions de textes anciens à la Renaissance (Grenoble)

Source : https://www.fabula.org/actualites/princeps-philologorum-lautorite-du-philologue-dans-les-editions-de-textes_105142.php

Information publiée le 24 Novembre 2021 par Marc Escola (source : Sarah Gaucher)

À la croisée des recherches menées au sein de l’ANR IThAC, qui porte sur les paratextes théâtraux des auteurs anciens à la Renaissance, et du centre Translatio, qui s’intéresse à la transmission et à la réception des textes antiques, ce colloque se propose de réfléchir à l’autorité du philologue, compris au sens large de savant – éditeur, traducteur, correcteur – et de commentateur de textes anciens à la Renaissance.

Programme

Jeudi 2 décembre

9h Introduction au colloque – Florian Barrière ; Malika Bastin-Hammou ; Isabelle Cogitore ; Mathieu Ferrand

9h30 Conférence inaugurale. Martine Furno, Université Grenoble Alpes : « L’imprimeur e(s)t le philologue : enjeux sociaux, économiques et intellectuels de l’ethos philologique de l’imprimeur au XVIe siècle, de Josse Bade à Henri Estienne »

10h30 Pause

Session 1 : La question de l’autorité face au grec et à l’hébreu  – Présidence : Malika Bastin-Hammou

10h45 Christiane Louette, Université Grenoble Alpes : « L’imperturbable assurance du traducteur d’Homère à la Renaissance »

11h15 Jesús de Prado Plumed, Universidad Nacional Autónoma de México / École Pratique des Hautes Études : « Une joyeuse entrée ? L’institutionnalisation des savoirs juifs en Espagne inquisitoriale sous l’angle de la culture écrite de l’humanisme »

Session 2 : Éditer les poètes latins – Présidence : Mathieu Ferrand

14h Florian Barrière, Université Grenoble Alpes, et Bénédicte Chachuat, Université Toulouse-Jean Jaurès : « Gregor Bersmann, éditeur de Lucain »

14h30 Matteo Rossetti, Università di Milano : « Poetam ego primus pubblice legi. Lorenzo Bonincontri, primo commentatore di Manilio »

15h Virginie Leroux, École Pratique des Hautes Études : « Conflits d’autorité : Marc-Antoine Muret et Joseph-Juste Scaliger éditeurs et commentateurs des poètes élégiaques latins »

15h30 Pause

16h Sarah Gaucher, Université Jean Moulin Lyon III : « Les paratextes à l’édition de Lucilius par Dousa (1597) »

16h30 David Amherdt, Université de Fribourg : « Conrad Gessner philologue »

Vendredi 3 décembre

Session 3 : Le philologue et l’écriture de l’Histoire – Présidence : Isabelle Cogitore

9h15 Agnese D’Angelo, Università di Roma “La Sapienza” : « Petrus Victorius’ edition of Sallust »

9h45 Marie-Laure Freyburger-Galland, Université de Haute Alsace : « Les éditions humanistes de Dion Cassius : la philologie au service de l’histoire romaine »

10h15 Pause

10h30 Kévin Bovier, Université de Fribourg : « Pédagogie, patriotisme et philologie : Johannes Rhellicanus et ses Annotationes à César »

11h Lucie Claire, Université de Picardie : « La fabrique du philologue. Stratégies auctoriales dans les Notae sur Quinte-Curce de Franciscus Modius (Cologne, 1579) »

Session 4 : Autorité diffractée : le philologue dans son siècle – Présidence : Florian Barrière

13h30 Gérard Freyburger, Université de Strasbourg : « L’écho de la préface de Béroalde à l’édition princeps de Censorinus dans l’exemplaire annoté par Beatus Rhenanus »

14h Pause

14h15 Philippine Azadian, École nationale des Chartes : « La mise en scène de la méthode philologique d’Adrien Turnèbe dans ses éditions »

14h45 Mathieu Ferrand, Université Grenoble Alpes : « Autorité et auctorialité partagée dans l’édition des vingt comédies de Plaute par Denis Lambin (Paris, 1576) »

15h15 Conclusions – Pascale Paré-Rey

*

Informations pratiques

Date : 02-03/12/2021

Lieu : Université Grenoble Alpes (02/12/2021 F018 bâtiment IM2AG – 03/12/2021 Amphithéâtre de la MaCI)

Organisateurs : Centre de recherche Translatio (UMR 5316 Litt&Arts) – ANR « IThAC »

Organisé par Florian Barrière, Malika Bastin-Hammou, Isabelle Cogitore, Mathieu Ferrand

*

Suivi à distance : Zoom, pour obtenir le lien de connexion contacter sarah.gaucher@univ-lyon3.fr

URL DE RÉFÉRENCE

https://ithac.hypotheses.org/

ADRESSE

Université Grenoble Alpes (02/12/2021 F018 bâtiment IM2AG – 03/12/2021 Amphithéâtre de la MaCI)

Les noces de Philologie et de Guillaume Budé. Un humaniste et son œuvre à la Renaissance

Vous pourrez trouver ci-dessous la présentation du volume d’actes du colloque de 2018 sur l’œuvre de Guillaume Budé et sa réception, paru aux presses de l’École Nationale des Chartes en septembre 2021 : Les noces de Philologie et de Guillaume Budé. Un humaniste et son œuvre à la Renaissance.

Il a été conçu sous la direction de Christine Bénévent, Romain Menini et Luigi-Alberto Sanchi.

592 pages. — Livre broché (16 x 23,5 cm). Prix France : 57 €. — ISBN : 978-2-35723-160-3. — Mise en vente : septembre 2021.

Au cours de son existence bien remplie, Guillaume Budé (1468-1540) a conçu, publié, augmenté nombre d’œuvres dont la valeur littéraire et la portée scientifique ont profondément marqué son époque et la postérité, à l’égal de son contemporain Erasme. Or les productions de Budé restent aujourd’hui relativement méconnues, malgré un regain d’intérêt qui s’est déployé tout au long du XXe siècle comme en ce début du XXIe siècle.

Ce volume a pour ambition de revenir, à la lumière des recherches les plus récentes, sur les différentes facettes d’une œuvre polycentrique, allant de l’essai historique novateur qu’est le De Asse et partibus eius à la défense et illustration du grec, de l’exégèse des sources du droit romain aux recommandations politiques de l’«Institution du prince », en passant par des considérations morales et religieuses disséminées dans les lettres, des digressions et des traités.

À la convergence de plusieurs disciplines, ce volume se propose d’identifier les parcours que Guillaume Budé a tracés, de cerner les passerelles entre les différents noyaux de son écriture, de reconstituer l’unité intellectuelle de son œuvre à une période où la diffusion du patrimoine écrit de l’Antiquité achevait sa première grande saison et ouvrait l’époque des études philologiques spécialisées. Il a pour ambition de remettre en lumière cette grande figure de l’humanisme français, reconnue entre autres pour son rôle dans la fondation du Collège de France.

Table des matières de l'ouvrage

Préface. Chorus disciplinarum, ou l’art de lire comme principe d’hospitalité : note sur Guillaume Budé et le Collège de France, par Patrick Boucheron — Introduction, par Luigi-Alberto Sanchi, Christine Bénévent et Romain Menini.

Première partie. L’auteur en son temps.
— Guillaume Budé, lumière française, par Mireille Huchon.
— Guillaume Budé et la galerie François Ier à Fontainebleau : une Institution du prince en images, par Edwige Krob.
— Guillaume Budé entre « ma maistresse Philologie » et le « cryme de flatterie , par Richard Cooper.
— Définitions et fonctions de la philosophie dans l’Institution du prince, par Marie-Dominique Couzinet.
— « Revisit et propria manu emendavit ipse Budæus ». L’exemplaire du De Contemptu rerum fortuitarum de la bibliothèque Sainte-Geneviève, par Claude La Charité.
— « Exegi monu… mendum! » Guillaume Budé correcteur de son De Transitu, par Romain Menini.

Deuxième partie. Le lecteur des Anciens et des Modernes.

— Guillaume Budé et la mémoire d’Homère. Hellénisme, tradition et mémoire culturelle au siècle de Janus Lascaris, par Patrick Morantin.
Guillaume Budé and the diversity of Greek, par Raf Van Rooy

— Guillaume Budé et l’architecture, par Francesca Mattei et Francesca Salatin.
— « Le Père de l’Église le plus cher à Budé » : Grégoire de Nazianze. À propos d’un exemplaire annoté par l’humaniste, par Romain Menini — Guillaume Budé, lecteur de Martianus Capella, par Virginie Leroux.
— Guillaume Budé, lecteur du Voyage de Ludovico di Varthema, par Tristan Vigliano.
— Le rôle de Guillaume Budé dans la diffusion de l’Utopie de Thomas More, par Michel Magnien.

Catalogue. Guillaume Budé en ses livres.

Troisième partie. Le juriste et l’antiquaire : des Annotations au De Asse

— Un humaniste au travail : les Annotationes in Pandectas, par Jean Céard

— Guillaume Budé and Roman coins, par Andrew Burnett
— Guillaume Budé, témoin des monnaies et des finances de son temps, par Marc Bompaire
Italian Precursors to the Scholarship of Guillaume Budé’s De Asse, par W. Scott Blanchard
— Éditions de l’Epitome du De Asse publiées du vivant de Budé : les leçons des exemplaires conservés à Paris, par Christine Bénévent et al.

Quatrième partie. Réceptions de l’œuvre

— Les Bartolistes ont-ils lu Budé? De l’influence de l’humanisme juridique sur les travaux des juristes français de la première moitié du xvie siècle, par Patrick Arabeyre.
— Charles Fontaine, passeur du De Asse? par Élise Rajchenbach.
— Robert et Henri Estienne, lexicographes, lecteurs de Guillaume Budé, lexicographe, par Martine Furno.
— Défense et illustration de l’hellénisme. Henri II Estienne (1531-1598), fils de Robert Estienne (1503-1559), héritier de Guillaume Budé (1468-1540), par Hélène Cazes.
— L’édition des Opera omnia de Budé (1556-1557) dans le programme éditorial bâlois, par Olivier Millet.
— Guillaume Budé, un mal rasé de la foi. La réception de Budé dans le monde réformé, de Jean Calvin à Pierre Bayle, par Max Engammare

— Budé dans les dictionnaires historiques de l’Ancien Régime : entre homme illustre et bourreau de travail, par Lyse Roy.
— Conclusion, par Romain Menini, Christine Bénévent et Luigi-Alberto Sanchi.

Résumés — Index des noms de personnes et de lieux — Table des œuvres et écrits littéraires de Guillaume Budé cités dans cet ouvrage.

Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Ut elit tellus, luctus nec ullamcorper mattis, pulvinar dapibus leo.

Jan Papy (dir.), Le Collège des Trois Langues de Louvain 1517-1797. Erasme, les pratiques pédagogiques humanistes et le nouvel institut des langues. Edition française préparée en collaboration avec Lambert Isebaert et Charles-Henri Nyns, Peeters, Leuven-Paris, Bristol, CT, 2018 (Virginie Leroux)

Jan Papy (dir.), Le Collège des Trois Langues de Louvain 1517-1797. Erasme, les pratiques pédagogiques humanistes et le nouvel institut des langues. Edition française préparée en collaboration avec Lambert Isebaert et Charles-Henri Nyns, Peeters, Leuven-Paris, Bristol, CT, 2018, 210 p.

La version originale de cet ouvrage a paru en néerlandais en 2017, à l’occasion du 500e anniversaire de la fondation du collègue trilingue, en 1517, sous l’inspiration d’Erasme et grâce au legs de Jérôme de Busleyden, décédé au cours d’une mission au service du futur empereur Charles Quint. C’est au départ l’intérêt pour les sources bibliques qui motive l’entreprise et le désir d’avoir un accès critique à la source du christianisme, c’est-à-dire aux textes latins, grecs et hébreux. La célébration de l’anniversaire du Collegium Trilingue est l’occasion de se pencher sur les conditions d’émergence de la philologie, une discipline dans laquelle le Collège a joué un rôle primordial en jetant les bases d’une tradition louvaniste ininterrompue depuis cinq siècles. Se distinguant de la monumentale étude d’Henry de Vocht, parue en quatre tomes entre 1951 et 1955, ce volume collectif se focalise, dans une perspective diachronique, sur la question des langues et de leur enseignement afin d’identifier la « recette magique » qui a permis d’attirer aussi rapidement à Louvain entre trois et six cents étudiants de toute l’Europe. Sont successivement analysés le rôle joué par Érasme qui a fait du collège un laboratoire d’idées parmi les plus novateurs d’Europe (Jan Papy) ; l’hésitation permanente des théologiens entre appréciation et résistance (Gert Gielis) ; la vie quotidienne au sein du collège (Jan Papy) ; l’apprentissage des langues vivantes (Pierre Swiggers) ; l’enseignement du latin (Xander Feys et Dirk Sacré), du grec (Raf Van Rooy et ToonVan Hal) et de l’hébreu (Pierre Van Hecke). Une attention particulière a été accordée aux méthodes, aux manuels et aux éditions de texte, aux commentaires et aux tableaux synoptiques imprimés dans le but de servir à une didactique rénovée. Notons que Jan Papy a aussi publié, en néerlandais, le catalogue de l’exposition Erasmus’s Dream : Collegium Trilingue 1517- 2017 qui s’est tenue à Louvain du 19 octobre 2017 au 18 janvier 2018 : Erasmus’ droom. Het Leuvense Collegium Trilingue 1517-1797.Catalogus bij de tentoonstelling in de Leuvense Universiteitsbibliotheek, 18 oktober 2017 – 18 januari 2018, onder redactie van Jan Papy » (Leuven – Paris – Bristol, CT : Peeters, 2017). Deux ouvrages stimulants qui donnent sens à l’étude des langues anciennes et des langues orientales au début du troisième millénaire.

Virginie Leroux (EPHE, PSL)

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 45).

Florence Vuilleumier Laurens, L’Université, la robe et la librairie à Paris. Claude Mignault et le Syntagma de symbolis (1571-1602), Genève, Droz, « Travaux d’Humanisme et Renaissance », 2017 (Laurence Boulègue)

Florence Vuilleumier Laurens, L’Université, la robe et la librairie à Paris. Claude Mignault et le Syntagma de symbolis (1571-1602), Genève, Droz, « Travaux d’Humanisme et Renaissance », 2017, 329 p., 49 €.

Consacré au Traité des symboles de Claude Mignault, l’ouvrage de Florence Vuilleumier Laurens comble une lacune importante à la fois dans le champ des études consacrées à l’œuvre de l’auteur lui-même et dans celui consacré aux Emblèmes d’Alciat, dont le brillant commentaire de Mignault est pourtant bien connu, sans que la célèbre préface Syntagma de symbolis ait pourtant fait l’objet d’une traduction française et d’une véritable histoire. C’est chose faite désormais grâce à la première édition et traduction en langue française de ce texte, préface des éditions des Emblemata depuis 1571, mais plusieurs fois remis sur l’ouvrage et augmenté par le commentateur. Le travail sur le texte est fondé sur l’édition aboutie et définitive de 1602, mais aussi sur la consultation des quatre éditions précédentes (1571, 1573, 1577, 1581), des deux versions de 1584 (version compendiosa et version latino- française abrégée) et des modifications ou ajouts apportés par les éditons de 1577 et 1621. C’est ce minutieux travail philologique – accompagné d’une élégante traduction en regard du texte latin – qui a permis d’approfondir l’histoire du texte et de sa composition, de 1571 à 1602, étudiée dans la vaste étude introductive (p. 7-152). L’ouvrage est complété par un Index nominum très complet et diverses annexes présentant notamment les autres pièces liminaires de l’auteur.

L’étude de Florence Vuilleumier Laurens montre le lien étroit, chez Mignault, entre la théorie de l’emblème et de l’allégorie, son enseignement académique et son parcours dans les milieux de l’édition et des juristes en développant quatre aspects de la carrière de l’auteur et du développement d’un genre autour et à partir de l’emblème. La première partie est consacrée au parcours de formation de Mignault jusqu’à son entrée à l’Université qui coïncide avec la première version des commentaires et du Syntagma de symbolis. La deuxième partie étudie l’évolution de la théorie et de la pratique du commentaire humaniste de Landino, Politien, Juste Lipse, jusqu’à Pierre de la Ramée, éclairant la conception exposée dans le Syntagma de symbolis, en particulier celle de l’allégorie, précédant et préparant ainsi, dans un troisième temps, l’analyse de la préface elle-même et de ses différentes strates de composition, nœud et résultat de l’enquête philologique ici menée avec rigueur, qui éclaire la collaboration entre Mignault et Plantin de 1573 à 1581 et l’évolution de la simple préface initiale en un traité fondateur pour toute l’Europe de la fin du XVIe siècle et du XVIIe siècle, séduite par le symbole, l’emblème, l’énigme. La quatrième partie offre une analyse des « enjeux théoriques du Syntagma » et de la création par l’auteur d’un genre réunissant les diverses formes, antiques et modernes, qui dessinent le champ du symbolique, fondé sur le modèle pythagoricien pour aboutir aux premières devises royales.

La lecture du traité de Mignault et la remarquable étude qu’en fait Florence Vuilleumier Laurens entraînent le lecteur dans un monde à la fois connu – celui du commentaire humaniste au sens large – et énigmatique – celui- là même qui fascine aussi Mignault et l’emmène à définir un nouveau champ philologique.

Laurence Boulègue (UPJV)

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 42-43).